home Diaspora, Politique, RD Congo, Régions, Société Charles Mwando Nsimba, « le lion du Katanga » s’en est allé !

Charles Mwando Nsimba, « le lion du Katanga » s’en est allé !

«C’est une grande douleur et une perte immense pour nous sa famille biologique car il était le pilier de notre fondement, mais que voulez-vous ? Dieu a donné, Dieu a repris son fils qui fut croyant auprès de Lui et nous ne pourrons que l’accepter. On le savait affaibli et malade depuis quelques temps mais on croyait aussi en son prompt rétablissement, mais hélas…». Ces propos sont ceux d’un membre de la famille proche de Mzé (ancien en swahili) Charles Mwando Nsimba vivant en Belgique dès l’annonce de sa disparition au soir du lundi 12 décembre 2016 depuis Bruxelles dans ses 80 ans qu’il venait de fêter le 18 octobre dernier.

Président du parti politique l’Union Nationale de Démocrates Fédéralistes (UNADEF) et Député élu de Kalemie son fief familial, il fut le président du G7, ce groupement des 7 partis politiques frondeurs qui ont quitté la Majorité présidentielle pour rejoindre l’opposition et soutenir la candidature de Moïse Katumbi à la présidentielle en octobre 2015. Cadre influent du Rassemblement, la plateforme des Partis politiques et Associations acquis au changement née à l’issue du Conclave de Genval (8 au 9 juin 2016), il fut considéré à juste titre comme l’un des derniers dinosaures de la politique congolaise.

De tous les combats politiques depuis les années de l’indépendance en 1960, Mzé comme l’appelait ses proches a été ministre à plusieurs reprises sous Mobutu depuis les années 1987 comme les Kabila. De l’Economie nationale au Développement rural,  du Plan aux Travaux publics et Aménagement du Territoire puis les Transport et Voies de communication; le vieux aura écumé tous les grands ministères avant sa dernière nomination au portefeuille de la Défense nationale et Anciens combattants du gouvernement Muzito. Informateur lors de la 2ème législature de Joseph Kabila, 1er vice-président de l’Assemblée nationale, celui que l’appelait également le Lion du Katanga du fait de sa deuxième particule du nom (Nsimba, lion en swahili) emporte avec lui le secret de sa longévité.

Avec sa mort, tout le monde se dit d’accord pour l’affirmer que c’est une page de l’histoire politique congolaise qui se tourne. A la démocratisation du début des années 1990, en compagnie de Jean de Dieu Nguz A Karl I Bond; il fut cofondateur de l’Union des Fédéralistes et Républicains Indépendants (UFERI). On retiendra aussi son attachement à la démocratie et à la constitution de la RDC. Démocrate convaincu et attaché à l’alternance politique, il est décédé sans voir le résultat de son dernier combat politique qu’il aura livré. Paix à son âme !

Sur page Facebook, un ami et confrère Gabriel Mampem Kwambamba lui rend un hommage mérité que nous reproduisions ici :

Goodbye MUKUBWA CHARLES !

Un commis de l’Etat a tiré sa révérence. Mwando NSimba est mort, tout le monde le sait. Cet homme avait une haute idée de l’Etat et de sens de responsabilité et la chose publique. Il a exercé beaucoup de responsabilités d’Etat. Une de plus longues et respectables carrières politiques au Congo. Son dernier combat : le respect de la constitution en ce qui concerne le nombre et la durée du mandat du Chef de l’Etat. Et pour cela, il a dû abandonner son poste de deuxième vice-président du parlement. Avec camarades ils ont créé le fameux G7. Mwanda Nsimba était connu pour ses coups de gueule. A son retour d’exil, alors que Laurent-Désiré Kabila régnait en maître dans le pays il a osé critiquer le régime alors que beaucoup d’ex-exilés rasaient encore les murs. Une partie de l’interview dans mon émission Temps Fort ressemble à ceci :

Question : Monsieur Mwando Nsimba on vous reproche d’être Mobutiste et donc d’avoir travaillé pendant des années avec Mobutu et contribué à la déchéance du pays

Réponse : Quoi, les gens voulaient qu’on abandonne le pays à Mobutu seul ? Le président avait besoin des collaborateurs et je suis très fier de mon expérience auprès de lui. Et vous vouliez que nous allions tous passer des années dans la brousse ? Vous voyez vous-même, Gaby, l’expérience de ceux qui ont vécu des années dans la brousse sans aucune notion de la chose publique. Leur gestion est calamiteuse, il n’y a même pas de comparaison avec la nôtre.

Le vieux Charles avait alors suscitée une grande admiration en moi à cause de son courage et son franc-parler. Il aura été le dernier homme politique congolais à m’accorder une interview, deux jours exactement avant mon départ définitif pour les Etats-Unis. Interview et … coupage bien entendu. Paix à l’âme de ce soldat de la patrie qui n’aura pas vécu le jour tant rêvé du «Yebela !».

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