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Tshikapa : un retour au calme précaire et des interrogations sur ce qui s’est réellement passé

Une ville en feu et sang au centre du pays. C’est un calme précaire qui règne dans la cité minière de Tshikapa wa Mansamba (célèbre pour ses chenilles appelées Mansamba) et nouveau Chef-lieu de la nouvelle province du Kasaï Occidental après trois jours d’affrontements entre miliciens «supposés» et forces de sécurité, police et armée nationales. Éclatées le vendredi 2 décembre, ces violences se sont poursuivies tout le long du weekend avec un pic du sommet le dimanche 4 décembre 2016.

Le bilan du weekend des combats et de guérilla urbains reste lourd : 23 morts et des nombreuses personnes blessées enregistrés de part et d’autre sans oublier les dégâts et dommages matériels innombrables. Selon des sources officielles citées par Hubert Ndingo MVula, vice-gouverneur du Kasaï, province dont Tshikapa est la capitale, ces chiffres inclus 13 morts et 14 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, 10 morts du côté de la milice. Pour les Associations de la Société civile, les ONG et des sources proches de l’opposition politique; c’est un autre bilan plus lourd que celui présenté vu la réaction disproportionnée des forces de sécurité gouvernementale avec armes militaires face aux jeunes et autres enfants âgés d’à peine 4 à 12 ans selon des témoins

Que s’est-il passé en réalité dans cette ville ?

Difficile à y répondre pour l’instant pour cette ville de Tshikapa d’ordinaire calme et qui aura connu ses sombres journées malgré une criminalité délinquante qui se constate de temps à autre. Une source occasionnelle contactée sur place par AFRIWAVE.COM parle d’une boucherie humaine occasionnée par les forces gouvernementales qui n’ont pas fait que dans les détails avant de redouter le pire pour les jours à venir. Pour cette source, cette sauvagerie rappelle celle perpétrée à lors de l’assaut et de l’assassinat du chef traditionnel Kamuina Nsapu par les mêmes forces gouvernementales. Les assurances des autorités provinciales sur un rétablissement de l’ordre public et un retour au calme ne sont que chimère car aucune piste de solution n’a été proposée jusqu’à présent.

Selon les officielles, cette flambée de violence tire ses origines dans un conflit de succession coutumière entre un nouveau chef traditionnel et son oncle, l’ancien chef Mbau Nkanka dans la localité qui porte le même nom. Et de là revient le nom du feu grand chef Kamuina Nsapu. Toujours selon les autorités par la voix de Claude-Pero Luwara du ministère de l’Intérieur à Kinshasa citées par l’AFP, déchu après avoir été désavoué par sa famille, le chef Mbau aurait été initié aux pratiques fétichistes des partisans de Kamuina Nsapu, dont il a assisté aux funérailles en août dernier. Voulant reprendre son pouvoir, il aurait décidé de chasser par la force son neveu qui règne à sa place. Pour Kinshasa, les partisans du chef Mbau recourent au même mode opératoire que ceux de Kamuina Nsapu : combattre avec des bâtons, des bandeaux rouges (noués) autour de la tête, lancer des cris de guerre, ce qui a pu laisser croire dans un premier temps qu’il s’agissait du même groupe.

La mort de Kamuina Nsapu et ses conséquences

Depuis la mort brutale de ce chef coutumier dans le territoire de Dibaya en août dernier, des incursions meurtrières attribuées à ses partisans sont signalées ci et là. Les provinces voisines du Kasaï de Kananga à Kabeya-Kamuanga dans le Kasaï-Oriental en passant par Tshikapa dans le Kasaï Central, c’est la même désolation : cases et champs incendiés, trop des morts sur la route

Un autre officiel proche de la Majorité et membre du parti présidentiel le PPRD qui s’est confié sous anonymat à la source occasionnelle de www.afriwave.com explique : on ne peut pas occulter le fait que la mort du chef Kamuina Nsapu soit à la base de tout ce qui se passe. Dire que les revendications de ces gens ne sont pas clairement connues, eux qui avaient pris le contrôle de l’aéroport national de Kananga pendant plusieurs heures, avant d’en être délogés au cours d’affrontements qui ont fait des centaines des morts est un mensonge de notre gouvernement national qui veut minimiser ses responsabilités.

Pour cet interlocuteur, si le chef Kamuina Nsapu a été tué en août dernier par les forces de sécurité et la police, c’était bien parce qu’il avait des revendications d’ordre politique et il s’était carrément opposé aux autorités locales et par-dessus à la présence de notre président Joseph Kabila à la tête du pays. Sinon, comment expliquer l’intervention de l’Auditeur Général des forces armées, le général Ponde dans une affaire purement ancestrale et locale qui a expliqué que les personnes faits prisonniers  par les forces de l’ordre seront déférés devant la justice militaire s’interroge-t-il ?

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