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RDC et Droits de l’Homme au Congrès US à Washington DC : Défenseurs des Droits Humains et Officiels congolais, un face-à-face tendu…

Washington DC, Siège du Congrès le 29 novembre 2016. La scène parait surréaliste, pourtant elle est bien vraie. L’Envoyé spécial des Etats-Unis dans la Région des Grand Lacs Tom Perriello, la chercheuse de Human Rights Watch Ida Sawyer et le jeune militant du Mouvement citoyen congolais de la Lutte pour la Changement (Lucha) Fred Bauma sont les invités d’une matinée spéciale au Congrès américain. Egalement avec eux le Professeur congolais Mvemba Phezo Dizolele, enseignant en Lettres au Johns Hopkins School of Advanced International Studies aux Etats-Unis.

Présidée par James Patrick McGovern, le représentant Démocrate du Massachusetts à la Chambre des Représentants des États-Unis et Vice-président de la Commission des Droits de l’Homme du Congrès américain, cette session spéciale à la Commission des Droits de l’Homme du Congrès a plané sur la question de la Démocratie et des Droits Humains en RDC.

Non formellement attendus, les officiels congolais membres de la Majorité présidentielle et proches du président Joseph Kabila s’y sont tout de même invités; le Congrès US étant un lieu public : le Sénateur Léonard She Okitundu, le Conseiller diplomatique du président de la République Barnabé Kikaya Bin Karoubi et de l’ambassadeur congolais à Washington François Nkuna Balumuene étaient présents. Et comme sur un terrain de football et bien marquer leur territoire avec mines renfermées, le trio congolais avait pris place en deuxième rangée sur le banc juste derrière les intervenants du jour qui sont restés déterminés et impassibles comme si de rien n’y était. Et pendant ce temps, dans le pays les proches du régime s’interrogent à l’instar du SG des Parti de l’Action-PA- et Kabila Désir-KD- Michael Sakombi ‏@MikaSakombi Après avoir vu ce hearing au Congress, questions me turlupinent: Quelle légitimité des panelistes? Est-ce tribunal sans équité? #Congo

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Du reste, les officiels congolais ne prendront pas la parole au cours de la séance. Mais bien avant le début de la matinée et dans une vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux, un citoyen américain prend à partie violemment et d’une manière presqu’indécente les officiels congolais : vous êtes une bande des criminels, votre place est en prison…vous faites la honte de l’Afrique…nous sommes au 21ème siècle…retournez chez vous en Afrique et ne revenez pas ici aux USA. L’américain sera du reste interdit d’entrée dans la salle de conférence notera un témoin sur place.

Des interventions de la matinée

Le premier à prendre la parole fut Thomas Perriello dit Tom. Pour lui, la situation sur la démocratie et le respect des Droits de l’Homme en RDC reste tendue et il faut craindre le pire si rien n’est fait. Raison de son insistance et sa recommandation pour des sanctions individuelles encore ciblées pour infléchir les responsables congolais proches du pouvoir, mais aussi plus de pressions sur Joseph Kabila en personne pour ainsi éviter la crise qui se profile à l’horizon après le 19 décembre 2016, date qui marque la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Poursuivant dans sa plaidoirie, il a demandé un appui et un soutien du Congrès américain à la médiation des évêques de la CENCO en cours dans le pays, même si dit-il; il y a de la méfiance entre acteurs politiques congolais pour le moment.

Pour sa part, la chercheuse Senior de Human Rights Watch expulsée du Congo pour un supposé problème de visa, Ida Sawyer en a appelé pour plus de pression de la part des Américains sur le président Kabila et son gouvernement pour le respect de la Constitution. Trouvez une solution avant le 19 décembre va être difficile, mais il faut plus de pression sur le président Kabila en lui demandant de s’exprimer clairement qu’il ne briguera pas un troisième mandat a-t-elle suggéré. Elle n’a pas manqué de dresser au passage un bilan désastreux de la situation des Droits de l’Homme RDC.

Pour elle, certes les premières sanctions américaines ont un effet dissuasif, mais leur impact pourrait encore être bien plus important si les Etats-Unis ciblaient davantage de hauts responsables du gouvernement et des services de renseignements et si l’Union européenne et le Conseil de Sécurité de l’ONU prenaient également des mesures. En exemple de la situation chaotique des Droits de l’Homme, elle citera le Rapport de HRW daté d’octobre 2016 qui accable les autorités congolaises, mettant en exergue l’implication du Ministre Evariste Boshab et celle de Kalev Mutond, le Chef du Service des Renseignements (ANR), dans les tueries des 19 et 20 septembre 2016 à Kinshasa, la capitale congolaise. Plus de 50 personnes avaient été tuées par des forces de l’ordre durant ces deux journées de manifestation de l’opposition réclamant le départ du président Kabila.

Le jeune activiste congolais Fred Bauma, membre du mouvement de la Lutte pour le Changement (Lucha) incarcéré plus d’un an et libéré depuis lors sans aucun jugement s’est aussi exprimé. Il a également appelé le gouvernement américain à accentuer ses sanctions contre le régime en renforçant la surveillance des flux financiers dans lesquels les dirigeants du pays sont soupçonnés de détournements. Il a aussi sollicité à ce que la Mission des Nations Unies au Congo (Monusco) ne soit plus réduite à son rôle de simple partenaire du gouvernement congolais mais devrait être un acteur de terrain pour garantir la paix et la sécurité des paisibles citoyens. Du président joseph Kabila, fred bauma estimé qu’il avait encore les chances d’inscrire son nom dans l’histoire du pays comme un héros en décidant de quitter le pouvoir au terme de son mandat même si il n’a pas accompli tout ce qu’il devait faire.
Alors que s’interrogeait excédé le congressman américain président de la session pour savoir qu’est-ce que Kabila a en tête, veut-il de plus d’argent, du pouvoir, pourquoi il fait tout ça?, le Pr congolais Mvemba Phezo Dizolele répondra qu’il était impossible de savoir ce qui se passait dans la tête du président congolais. Et à lui de poursuivre : Je peux dire qu’il n’est plus temps aux questions. Kabila est arrivé au pouvoir il y a plus de 15 ans de manière pas démocratique. Des gens comme Tshisekedi ont même laissé faire, il avait la chance d’accomplir beaucoup de choses. Mais il ne l’a pas saisi. Je crois qu’il est temps qu’on lui dise que c’est fini.

 

 

La version anglaise de la session spéciale à la Commission des Droits de l’Homme du Congrès US sur la Démocratie et les Droits de l’homme en RDC

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