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Joseph Kabila face au Rassemblement de l’opposition, vers un scénario de l’affrontement ?

Dans son discours sur l’état de la Nation du 15 novembre 2016 devant le Congrès, le président Joseph Kabila n’a pas rassuré quant à la résolution de la grave crise politique devenue institutionnelle qui secoue le pays depuis plusieurs années déjà. C’est ce à quoi tous les spécialistes nationaux comme internationaux de la question congolaise semblent s’accorder, sauf bien sûre dans le camp de la majorité présidentielle pour qui ce discours à bien recadrer les choses.

De la réélection contestée de Kabila en 2011, de la prolongation de son mandat par le Dialogue politique de Kinshasa (1er septembre au 18 octobre 2016) jusqu’en avril 2018 au-delàs de son terme constitutionnel du 19 décembre 2016 et du risque des troubles qui peuvent subvenir, personne n’en dit mot. Pourtant, c’est vers ce scenario de l’affrontement qu’on s’achemine si personne n’en prend garde. Le discours présidentiel n’était pas encore digéré que le Rassemblement des Forces politiques et Sociales de la RDC Acquises au Changement  autour d’Etienne Tshisekedi dans son communiqué de presse du 15 novembre 2016 le trouvait «agressif, pas apaisant les esprits et ne favorisant pas la recherche du consensus». Ce qui démontre bien cette cassure profonde entre l’opposition radicale majoritaire qui n’arrive toujours pas à accorder les violons avec la majorité présidentielle au pouvoir à Kinshasa.

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Là où le Rassemblement se dit soutenir la «médiation en cours de la Cenco et s’y impliquant avec responsabilité pour mener le pays à la tenue d’élections apaisées», le président Kabila semblait avoir fermé toutes les portes : «C’est également dans le cadre des dispositions pré-rappelées que s’inscrivait la mission que J’avais confiée aux Evêques membres de la CENCO, que Je remercie au passage, en direction de ceux des membres de l’Opposition n’ayant pas encore signé l’Accord politique. Les résultats de leurs louables efforts témoignent malheureusement, une fois encore, du peu d’intérêt réservé par les concernés à cette quête de solution à nos différends par le dialogue. C’est ici le lieu d’affirmer que l’alternative que, de l’intérieur comme de l’extérieur, certains opposent à cette option de bon sens, est tout simplement inacceptable, car elle aurait pour effet de replonger notre cher et beau pays dans le chaos, comme c’est aujourd’hui le cas de certains pays frères à travers le monde».

Et au chef de l’Etat de poursuivre dans son adresse, non sans révéler son agacement et une intention de fermeté dans ce qui pourra en advenir si des opposants manifestaient contre lui : «Soucieux de Mes responsabilités de garant du bon fonctionnement des Institutions, Je ne peux permettre que la République soit prise en otage par une frange de sa classe politique, et exposée au risque d’instabilité, avec pour conséquence de retarder d’avantage l’organisation des élections». Ce qui reste à se demander si la tentative de bons offices de l’église catholique à ramener tous les acteurs de la crise institutionnelle autour d’une table pour une inclusivité grande se poursuivra ou a encore un sens ? Car ni le passage des ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de Sécurité de l’Onu (lire RDC-ONU : Le Conseil de sécurité de l’Onu pour une transition pacifique, des élections apaisées et un processus le plus inclusif possible… https://www.afriwave.com/?p=1241), ni la médiation des évêques de la Cenco n’auront réussi à accorder les figures de proue de deux camps politiques, la majorité et le Rassemblement. On est donc pas sorti de l’auberge, la solution pacifique ou sanglante de la crise ne viendra de nulle part si ce n’est du peuple lui-même qui devra prendre ses responsabilités.

Le pire serait-il à craindre ?

C’est la question qui demeure dans tous les esprits au lendemain de ce discours à la Nation alors que s’approche la date du 19 décembre 2016 où le deuxième et dernier mandat constitutionnel de Kabila s’achève. Le meeting avorté du Rassemblement du 5 novembre ayant été reporté au 19 du même mois, l’on craint à juste titre que des nouvelles violences ne viennent encore endeuillées le pays comme en septembre dernier.

Si dans le pays, personne ne semble en prendre la mesure; nos confrères des journaux africains en parlent avec insistance. Ainsi, de crise qui perdure, L’Observateur Paalga de Ouagadougou au Burkina Faso estime que : «la nouvelle donne en RDC ne va rien changer fondamentalement à la situation de crise qui traverse ce pays-continent. Et on risque d’assister, avec la nomination de ce nouveau chef de l’exécutif congolais et du gouvernement d’union nationale qui doit suivre à un partage du gâteau républicain qui ne fera malheureusement pas sortir le pays de l’ornière; car, ne l’oublions pas, l’essentiel de l’opposition à Joseph Kabila, regroupée au sein du Rassemblement et qui a boycotté les pourparlers, renâcle à aller à la mangeoire, s’arcboutant sur la condition non négociable qu’est le départ de l’actuel locataire du palais de la Nation à la fin de son actuel mandat, c’est-à-dire le 19 décembre prochain. Le problème est là. Gouvernement d’union nationale ou pas, rarement le pays de Patrice Lumumba n’a autant été désuni, du fait justement de l’obstination de Petit Kabila à jouer indûment les prolongations».

Discours même du président Kabila, un autre journal burkinabé, Le Pays pointe : «Le taiseux président congolais sait, plus que quiconque, qu’il joue plus que jamais son avenir politique. L’occasion était donc trop belle pour lui de dresser un bilan élogieux de ses 15 années de pouvoir et saisir au bond la balle de l’accord politique obtenu au forceps avec une partie de l’opposition, et qu’il veut désormais présenter comme la feuille de route qui s’impose à tous les Congolais. C’est pourquoi il y a lieu de craindre le pire pour la RDC, d’autant plus que cet accord est loin d’être consensuel et que le président lui-même a fait état, dans son discours, de l’échec de la mission de la Conférence épiscopale qui voulait se donner encore une chance de concilier les différentes positions. En tout état de cause, avec cette adresse du président Kabila aux élus nationaux, on n’est pas sorti de l’auberge. Et tout semble indiquer qu’on est bien parti pour des lendemains incertains en RD Congo».

Un autre confrère burkinabé, Aujourd’hui, résume bien la situation : «si nul ne peut savoir avec exactitude ce qu’il y a dans la tête de Kabila, il est évident qu’il cherche toujours à gagner du temps, ce temps politique, si souvent le grand allié des assoiffés du pouvoir. Hier, ce grand oral de Kabila, qui oscillait entre plaidoyer pro-domo et menaces à peine voilées contre l’opposition et la communauté internationale, a crevé certes l’applaudimètre, mais il n’a pas fait bouger d’un iota la résolution de la crise congolaise. L’ontologie du mystère Kabila s’est plutôt épaissie, et pendant ce temps, la RD Congo s’éloigne de la sphère du vivre-ensemble, de la paix et vogue vers des rivages semés de récifs».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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