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RD Congo, Dialogue politique inclusif : La Lucha écrit à Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de l’Union Africaine

Kinshasa, le 20 octobre 2016. Le mouvement citoyen des jeunes congolais La Lucha (Lutte pour le changement) a écrit à Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de l’Union Africaine au sujet du dialogue politique inclusif qui vient de se terminer à Kinshasa. De l’Accord politique signé sous les auspices de l’Union africaine et ostensiblement soutenu par ses émissaires, La Lucha parle carrément d’un Coup d’Etat constitutionnel constitutif.

Ci-dessous, le texte de ce mémorandum.

Mémorandum adressé à la présidente de la Commission de l’Union Africaine

Madame la Présidente;

NOUS.

Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement Lucha en sigle; Considérant l’issue malheureux du dialogue organisé dans notre pays sous la facilitation de l’Union Africaine à travers la personne de Monsieur Edem Kodjo;

Ayant parcouru le contenu du prétendu «Accord politique» signé entre le régime au pouvoir et une frange de l’opposition et de la société civile, au mépris total de notre constitution et de la résolution 2277 du conseil de sécurité de l’ONU, et cela malgré les nombreux martyrs de la préservation de notre ordre constitutionnel, gage de Paix et de stabilité;

Vu l’Acte Constitutif de l’Union Africaine qui garantit le droit des peuples africains à la paix, à la démocratie et à l’autodétermination, Vu la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples; Vu la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies;

Mus par les valeurs de paix, de démocratie, de liberté et de dignité, et guidés par l’intérêt supérieur de la nation congolaise;

Révoltés par le discours plein d’arrogance, de mépris, et de condescendance prononcé par le Commissaire Paix et Sécurité de l’union africaine, Monsieur Ismaël Chergui, par le Facilitateur Edem Kodjo, ainsi que par d’autres représentants, d’organisations sous régionales africaines à l’occasion et en marge de la conclusion dudit «dialogue politique»;

Résolus à rompre définitivement avec l’époque tristement célèbre des dictatures qui oppriment encore les peuples de notre continent: «avec la bénédiction d’organisations régionales déconnectées des aspirations légitimes des citoyens, et à contribuer ainsi à un véritable essor démocratique en Afrique;

Avons décidé de vous saisir directement ce jour, et à travers vous les Etats Membres de l’union Africaine, afin de vous Signifie ce qui suit :

Nous tenons à vous rappeler que le but du dialogue politique est de résorber l’impasse politique créée délibérément par le régime actuel pour maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir au-delà de son second et dernier mandat à la tête de notre pays, le 19 décembre 2016, Mais, hélas, le «dialogue», mené à huis-clos à Kinshasa, sous la facilitation de Monsieur Edem KODJO, n’a fait qu’aggraver l’impasse.

Aussi, tenons-nous à vous prévenir personnellement du gouffre dans lequel l’Union Africaine vient de précipiter notre pays car l’Accord signé sous les auspices de l’Union africaine et ostensiblement soutenu par ses émissaires n’est ni plus ni moins qu’un Coup d’Etat constitutionnel constitutif.

L’Union Africaine en partage entièrement la responsabilité.

La LUCHA tient à vous rappe1er également et à travers vous aux Chefs d’Etats-membres, que le dialogue qui s’est tenu à la Cité de l’OUA à Kinshasa avait pour base juridique la constitution de la République et Résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui prévoyait notamment la préservation de l’ordre constitutionnel. Cependant, l’accord issu de ce dialogue a entériné :

– Le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà de son second et dernier mandat constitutionnel qui expire le 19 décembre 2016 à minuit;

– Un glissement irrationnel du calendrier électoral, avec la tenue plus qu’hypothétique des élections présidentielle, législatives et provinciales en avril 2018;

– Le partage de pouvoir entre les participants à ce «dialogue», y compris l’octroi du poste de Premier ministre à une certaine opposition, qui, partant a perdu ce statut conformément à la législation congolaise;

Cet accord est aux antipodes de la Résolution 2277, dont il tire sa raison d’être car il viole notre constitution et méconnait délibérément les droits de notre peuple à l’auto-détermination en bafouant sa Loi Fondamentale. C’est donc une violation flagrante des dispositions de l’Acte constitutif de l’Union Africaine et de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui consacrent la démocratie et le droit des Peuples à l’autodétermination.

Au regard de ce qui précède, et.au nom de la majorité silencieuse de notre peuple, nous enjoignons l’Union Africaine à travers ses organe suprêmes à ne pas avaliser cet accord; à se désolidariser d’un régime qui s’est clairement inscrit dans un schéma suicidaire susceptible d’instabiliser encore davantage la RDC et toute la sous-région. Par ailleurs, vous devriez réprimander le Facilitateur et le Commissaire Paix et Sécurité pour .leur attitude qui sape encore plus le prestige et la foi dans l’Union africaine, et de vous ranger résolument du côté du peuple congolais dans sa lutte pour la démocratie.

La LUCHA rappelle à votre attention, et à travers vous à celle des Chefs d’Etats Membres de l’Union africaine, que le sang de centaines de Congolais morts, notamment en janvier 2015 et en septembre 1016, en défendant la constitution, la liberté et la dignité de notre peuple est encore trop frais pour être souillé. Combien de morts et de destructions la classe politique congolaise veut-elle encore provoquer au nom de ses intérêts égoïstes et de sa boulimie du pouvoir? L’Union Africaine va-t-elle jouer aux sapeurs-pompiers après avoir contribué à mettre le feu au poudre? Le temps d’empêcher la RDC de sombrer dans le chaos c’est maintenant ou jamais, et vous y avez une grave responsabilité.

La LUCHA tient à vous signifier que même si l’Union Africaine s’obstine à être complice du malheur de notre pays, le peuple congolais n’accordera aucune valeur à ce scandaleux accord et que les signataires seront seuls liés. Ils devront assumer l’entière responsabilité du chaos qu’ils cherchent à tout prix à crée en ignorant obstinément les nombreux avertissements de notre Peuple.

Sur la foi de l’article 64 de la constitution, qui fait de la résistance à l’imposture politique un droit et un devoir sacrés pour tout congolais, la Lucha appelle les citoyens à se mobiliser partout et à résister par tous les moyens pacifiques à tout plan de confiscation de la souveraineté populaire et d’abrogation de l’ordre constitutionnel chèrement acquis, que pareil plan émane de la cité de l’OUA ou ailleurs.

La Lucha reste convaincue que malgré la mauvaise foi, l’égoïsme des politiciens, et la léthargie voire La complicité de L’Union Africaine et de la «communauté internationale» une issue à l’impasse politique actuelle est possible à travers un dialogue réellement inclusif qui préserve l’ordre constitutionnel. La Lucha continuera il y œuvrer avec les autres forces sociales de bonne volonté. En tout état de cause, le Peuple aura le dernier mot!

Fait à KINSHASA, le 20/10/2016

Pour la Lucha,

Godefroy MWANABWATO

Bienvenu MATUMO

Victor TESONGO

Gloria SENGTHA

Marie-Joëlle ESSIMBO

Militants.

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