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Léon Tshibemba Ngandu-Mbes, un artiste bien de chez nous

Léon Tshibemba Ngandu-Mbes qui signe ses albums sous le raccourci de Tchibemba (une autre orthographe de son nom) est né en 1954 à Kipushi, ville minière du Katanga située à une trentaine de kilomètres de Lubumbashi. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Lubumbashi et de l’École Supérieure d’Arts et Design de Saint-Étienne en France, il a une longue et riche d’artiste. Caricaturiste, dessinateur-illustrateur, enseignant et peintre;…il aura touché à tout. De sa RD Congo natale à la Grèce de ses études supérieures tout comme la France de ses expositions; il a fini par poser ses valises dans la province de Hainaut en Belgique depuis 2008 dans la région de Mons où il continue la passion de son art.

Cet artiste surdoué est un cas à part dans la mesure où sa créativité et son talent se déclinent dans divers domaines qui passent par la caricature et la BD, mais aussi l’illustration, l’affiche, la peinture et la sculpture. Sa longue carrière démarre avec la réalisation par lui des dessins à l’œil nu des objets dans différentes disciplines comme l’anatomie comparée, l’ostéologie et la myologie, l’entomologie et enfin la botanique. Cela pour le compte de l’Université de Lubumbashi au sein de son Laboratoire de biologie qui l’employait à l’époque. Puis vint le temps des plusieurs collaborations avec divers magazines et revues zaïroises : Njanja de la Société Nationale des Chemins de fer Zaïroise (Sncz) en 1979, Mwana Shaba en 1981, le magazine des jeunes de la Gécamines, et, à partir de 1982 une apparition dans le quotidien Mjumbe de Lubumbashi où il publie un feuilleton BD, « Les trafiquants de la mort ».

En 1984, il illustre l’ouvrage « Kizito, l’un de nous » et publié et l’année suivante son premier album « Cap sur la capitale », édité par le Centre Culturel Français de Lubumbashi. Cet album paraîtra ensuite en épisodes dans la revue brazzavilloise Ngouvou en 1986. Il collabore au bimensuel « Kin flash » avant de décrocher en 1988 une bourse d’études du gouvernement grec pour étudier le grec moderne à l’Université Aristote de Salonique. C’est dans ce pays qu’il résidera avec l’ensemble de sa famille des longues années durant. Sa passion le dévorant toujours, il est  caricaturiste pour le quotidien grec Macédoine et parallèlement illustrateur pour divers supports pour l’architecture et les dessins d’extérieur et d’intérieur de bâtiments. Il publié Le Mystère de la Victoire, édité par l’Institut Français de Thessalonique en 1990 ainsi que 3 bandes dessinées en grecques aux éditions Dynamitis.

Un album prémonitoire

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En compagnie de son ami de longue date Pie Tshibanda Wa Muela Bujitu (Un fou noir au pays des blancs), ils ont eu comme une prémonition le drame qui allait se dérouler et qui se déroule encore aujourd’hui dans la Méditerranée entre l’Afrique et l’Europe : ces milliers des morts africains sub-sahariens dans le bleu de cette branche de mer séparant l’Afrique de l’Europe à la quête d’un semblant de bonheur.

Lorsque tu ne sais pas où tu vas, essaie au moins de savoir d’où tu viens dit un proverbe sur base duquel se tramera un scenario de Pie Tshibanda et les dessins de Léon Tshibemba Mbes pour donner naissance à une bande dessinée au titre évocatif : «Des Clandestins à la mer, Les tribulations de Yado» raconte l’histoire de ce jeune noir américain, sorti de prison, qui  décide d’aller visiter la terre de son ancêtre noir. Il débarque au Sénégal et éprouve ce sentiment du déjà vu dont témoignent, dès le premier jour, les noirs d’outre-Atlantique. Assis sur un rocher, au bord de l’océan, il essaie d’imaginer les conditions de capture et de voyage de son aïeul. La déferlante qui arrive le surprend; Masikini, un vieux pêcheur sénégalais, vient à son secours.

En sa compagnie YADO apprend que la mer continue de boire le sang des nègres qui essaient de se rendre en Occident. Mais pourquoi partent-ils? Comment sont-ils accueillis là-bas?
Qu’est devenu le fils de cette femme qui n’arrête pas de pleurer? Pour répondre à ces questions, Yado et Masikini s’envolent vers Paris mais avant même que l’avion n’ait atteint l’altitude de vol, Masikini, du doigt, montre à Yado une tache sur l’océan bleu: «Des clandestins à la mer!»
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Inconnu du grand public dans son pays d’origine la RD Congo, aujourd’hui, ses œuvres ont été exposées, publiées et admirées au Congo même, en France, en Italie, en Allemagne, aux Royaumes Unis, au Brésil et en Grèce, pays de son adoption.

Roger DIKU

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