home Politique, RD Congo, Régions RDC/Dialogue politique : L’Église catholique et Le Rassemblement de l’opposition sur la même longueur d’ondes ?

RDC/Dialogue politique : L’Église catholique et Le Rassemblement de l’opposition sur la même longueur d’ondes ?

Alternance, décrispation du climat politique général et strict respect de la constitution. Le Dialogue politique national ouvert le 1er septembre 2016 par le togolais Edem Kodjo à la Cité de l’OUA à Kinshasa, commune de Ngaliema poursuit tant bien que mal ses travaux. Après une suspension momentanée dans la journée du vendredi 2 septembre, les  débats proprement dits ont démarrés mardi 6 par les exposés  de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et l’ONU. Au centre des discussions, la question du respect des délais constitutionnels pour l’organisation de la présidentielle de novembre 2016 qui consacre la fin du deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila.

Pendant ce temps, Le Rassemblement de l’opposition issu du Conclave de Genval en Belgique (8 et 9 juin 2016) autour d’Étienne Tshisekedi et le MLC de Jean-Pierre Bemba continuent de bouder cette rencontre sensée être inclusive. Cette frange de l’opposition soupçonne que ce dialogue convoqué par le président Joseph Kabila ne le soit que pour entériner le glissement du calendrier électoral et ainsi lui permettre de se maintenir au pouvoir au-delà du 20 décembre 2016.

C’est ce moment choisit par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (Cenco) qui participe pourtant aux travaux pour publier un  énième communiqué. Ce dernier intervenant en marge d’une rencontre de coordination des efforts de bons offices entre le chef de la Monusco, Maman Sidikou, le Président de la Cenco, Mgr Marcel Utembi Tapa, évêque de Kisangani et le nonce apostolique Mgr Luis Mariano Montemayor.

Au terme du dit communiqué et comme dans ses habitudes, l’instance suprême de l’église catholique du Congo un appelle à la bonne volonté de toutes les forces vives du pays pour participer au dialogue sincère et franc en privilégiant l’intérêt supérieur de la République et en apportant leur concours à la relance du processus électoral. Pour la réussite de ce dialogue, les évêques posent tout de même des conditions : le dialogue devrait se dérouler dans le respect absolu du cadre constitutionnel quant au nombre des mandats présidentiels et de l’alternance démocratique au pouvoir. En cela, la Cenco insiste notamment sur la question des articles verrouillés de cette même Constitution ayant trait au mandat présidentiel et à l’alternance démocratique.

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Pour la Cenco tout comme pour Le Rassemblement de l’opposition, des réelles mesures de décrispation politique avec la libération de prisonniers politiques et d’opinion et la réouverture des médias proches de l’opposition devront être prises du côté gouvernement. A défaut de quoi prévient la Cenco qu’elle se réserve le droit de retrait de ce forum si ce cadre est violé tout en appelant à la Communauté internationale et au Groupe de soutien  d’assurer le suivi des recommandations issues du dialogue afin d’éviter de nouveaux blocages qui résulteraient de la mauvaise foi de l’une ou l’autre des parties.

Faudra-t-il le rappeler que L’Église catholique, dont se réclament 40% des Congolais, a joué un rôle de premier plan dans le processus de démocratisation engagé en RDC au début de la décennie 1990. Notamment lors de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) dirigée par Mgr Laurent Monsengwo Pasinya tout le Haut Conseil de la République Parlement de transition (HCR-PT). Mais aussi la grande marche des chrétiens du 16 février 1990 pour réclamer la réouverture de la CNS fermée d’autorité par le gouvernement Nguz. Déjà en l’absence de la grande opposition, si par aventure la Cenco se retirait du «dialogue national» cela risquerait d’entamer fortement la crédibilité de celui-ci.

A y regarder de près, les conditions de la Cenco rejoignent sur toute la ligne presque toutes celles du Rassemblement en dehors de la récusation du facilitateur Edem Kodjo qui demeure pourtant à son poste. Car pour les opposants, le vrai dialogue sera celui basé sur la résolution 2277 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et non celui convoqué par le président Joseph Kabila et dont les conclusions finales seront imposables à tous.

Roger DIKU

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