Mercredi 27 juillet 2016. C’est un véritable accueil Rock-star que celui réservé au vieux opposant historique Étienne Tshisekedi Wa Mulumba au pays, deux ans après qu’il y eut quitté le pays dans un état de santé qui faisait craindre le pire. Il était 14h15’exactement lorsque le jet privé Falcon F-HAXA a atterrit sur le tarmac de l’aéroport international de la N’djili, dans la banlieue Est de la capitale. Au bas de la passerelle pour lui faire honneur, des cadres de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ainsi que les responsables du Rassemblement, plateforme des forces acquises au changement née du Conclave de Genval (8 et 9 juin 2016) en Belgique.
Les deux ans d’exil médical passés à Bruxelles n’ont pas certes étaient de tout repos. L’opposant avait multiplié contacts formels et informels, des rendez-vous avec les membres de l’opposition restés dans le pays comme les envoyés du président Joseph Kabila pour négocier la participation de son parti l’UDPS au dialogue initié par le président de la République. Également des diplomates internationaux et les envoyés spéciaux des grandes organisations mondiales (ONU, UE, UA, OIF) jusqu’à cette grande réunion autour de lui la grande partie des forces politiques et sociales acquises au changement du pays.
Quelques moments de flottement pourtant avaient précédé cette arrivée que des rumeurs annonçaient tardive pendant que des informations contradictoires disaient l’aéronef devant atterrir peut-être à Brazzaville au Congo d’en face. Démenti formel des autorités aéroportuaires de Kinshasa se disant non au courant de tout cela jusqu’au revenant ministre de l’Information, Lambert Mende Omalanga, pourtant aphone depuis quelques jours qui y a donné de son conseil technique sur le monde d’aviation. Ayant décollé de Zaventem Brussels National Airport à 7h00’ heure locale belge, le vol s’est déroulé sans encombre comme prévu dans son plan initial afin d’atterrir à Kinshasa à l’heure prévue, soit en début d’après-midi.
Déjà très tôt au matin, une véritable marée humaine des militants et sympathisants avait envahi la seule artère du Boulevard Lumumba menant vers l’aéroport international de la capitale du pays. L’on parle du chiffre de près d’un million d’individus car plus nombreux que lors des obsèques du chanteur Papa Wemba. À côté, un impressionnant dispositif de sécurité composé des éléments la Police Nationale Congolaise (PNC), la Garde présidentielle ainsi que des agents de la Monusco.
Un bain de foule qui n’aura pas lieu. Certes fatigué par un voyage de près de 8 heures de vol et le poids de son âge (83 ans), le vieux opposant aurait sûrement voulu prendre un bain de foule mais qui n’aura jamais lieu. ce qui n’est qu’une partie remise. Comme prévu dans son plan de sécurisation, le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama avait son plan, l’accompagnement aussi rapide du président Tshisekedi à son domicile de Limete; et ce pour éviter tout débordement. Premier à monter à bord du Falcon pour saluer Étienne Tshisekedi, Célestin Kanyama y est descendu aussi plus vite. Car à peine, une cinquantaine des personnes avaient été autorisées de se retrouver sur le tarmac. Sitôt sorti de l’avion, sitôt embarqué dans la jeep grise sous encadrement des deux autres de la police nationale ; direction la résidence de Limete.
Cet accueil a pu démontrer que malgré son âge et une absence prolongée du pays, Tshisekedi demeure encore plus que populaire dans une certaine couche de la population. Son retour au pays pourra peut-être changer le climat politique très tendu avec le dialogue national inclusif qui a du mal à se mettre en place. Mais aussi et surtout la question de la tenue de l’élection présidentielle de novembre 2016 comme le prévoit la constitution. Si pour la majorité au pouvoir l’arrivé de Tshisekedi est un non-événement, pour l’opposition c’est un élément pour booster son combat politique face aux enjeux à venir. Le premier grand test étant le meeting du Rassemblement prévu le dimanche 31 juillet où Tshisekedi parlera à la population sur le bien nommé Boulevard Triomphal.