home RD Congo, Régions «Panama Papers», le Congo RD pas épargnée !

«Panama Papers», le Congo RD pas épargnée !

Le scandale des paradis fiscaux qui secoue la planète entière en ce début avril 2016 n’aura pas épargné l’Afrique en général et notamment la République Démocratique du Congo en particulier. Jaynet Kabila Kyungu, Députée nationale et sœur jumelle du Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange voit son nom apparaître dans cette black-liste. Et ce, malgré le déni des autorités politiques congolaises qui trouvent en cette «nième provocation» une nouvelle occasion de chercher à «atteindre et salir» le président de la République en personne. Pourtant, un autre proche habitué du premier cercle et non de moindre du président congolais, le richissime homme d’affaire juif Dan Gertle se trouve également sur cette liste.

Après le LuxembourgLeaksou «LuxLeaks» et au travers d’une nouvelle enquête, le Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ) aura encore frappé. Une centaine des confrères au travers d’une minutieuse enquête de près de six mois viennent de révéler depuis le 3 avril 2016  près de 11.5 Millions des documents démontrant certaines pratiques «border line» des puissants de ce monde. Notammentsur des avoirs cachés dans les paradis fiscaux de 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan; plusieurs responsables africains y étant sont cités, directement ou indirectement.

De l’optimisation fiscale à l’évasion fiscale.

Il n’y a qu’un pas à franchir. Hier «sport favoris» des trafiquants de drogue et autres en tous genres pour cacher leurs avoirs parfois d’origine douteuse, l’évasion fiscale n’épargne personne aujourd’hui, surtout dans les paradis fiscaux pas trop regardant. Ainsi on parlera des sociétés offshores des Iles Caïmans, des Iles Vierges britanniques, du Grand-Duché de Luxembourg, du Panama, etc. Certes il est aussi vrai que le recours aux sociétés offshores, outils privilégiés de l’optimisation fiscale, est une pratique autorisée dans la plupart des pays du monde lorsqu’on ne parle pas carrément de l’évasion fiscale.

Dans le cas Luxleaks, il a s’agissait ni plus ni moins d’une pratique d’évasion fiscale. Les enquêteurs avaient pu découvrir plusieurs accords presque secrets passés entre ce pays pourtant membre fondateur de l’Union Européenne, et plus de 340 multinationales, dont les géants mondiaux Apple, Amazon, Ikea, Pepsi, Heinz, Verizon, AIG ou Axa. Les journalistes membres de l’ICIJ avaient réussi à dévoiler comment, entre 2002 et 2010, ces multinationales ont réussi à éviter l’impôt dans les pays où elles réalisent des bénéfices, pour aller les payer moins cher au Grand-Duché de Luxembourg.

Le dernier scandale en date dit «Panama Papers» par contre ne rend-elle pas publiquel’identité des clients cachés de Mossack Fonseca, une firme panaméenne spécialisée dans la création et la domiciliation des fameuses sociétés basées dans des paradis fiscaux. C’est du reste les archives volées du dit Cabinet d’avocats entre 1977 et 2015 qui parlent : plus de 214 000 sociétés offshores sont ainsi impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers à travers le monde, selon l’ICIJ.

Les personnes en vue.

La liste complète des fraudeurs dissimulateurs étant promise pour le mois de mai 2016. Ce qui n’empêche que des personnalités de premier rang et non de moindre soient citées : le premier ministre de droite islandais Sigmundur David Gunnlaugsson démissionnaire depuis lors, celui britannique David Cameron via feu son père, des proches du président russe Vladimir Poutine, le roi d’Arabie Saoudite, Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, le président des Émirats Arabes Unis, L’Emir d’Abou Dabi, le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, l’ancien émir du Qatar, le Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, ainsi que des cousins du président syrien Bachar Al-Assad. Même si aucun chef d’État africain en exercice n’est apparu, les proches du pouvoir sont listés.

En Afrique, ce sont les cas de Clive KhulubuseZuma, un neveu du président sud-africain Jacob Zuma, Mamadie Touré, la 4e épouse de l’ancien chef de l’État guinéen Lansana Conté, Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi du Maroc Mohamed 5 dont le royaume a botté en touche ces revelations. Il y a aussi Alaa Moubarak, fils aîné de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, mais également John Addo Kufuor, fils aîné de l’ancien président ghanéen John Kufuour pour n’en citer que ceux-là.Enfin, le banquier ivoirien Jean-Claude N’Da Ametchi, ancien proche du président Laurent Gbagbo et aujourd’hui proche de Charles Konan Banny en attendant la suite des révélations dans les jours et mois à venir.

Parmi les autres responsables politiques africains mentionnés figurent  des personnalités comme Abdeslam Bouchouareb (député et ministre algérien de l’Industrie et des Mines), José Maria Botelho de Vasconcelos (ministre angolais du Pétrole), KalpanaRawal (vice-présidente de la Cour suprême du Kenya), Bruno Jean-Richard Itoua (ancien ministre de l’Energie et de l’Hydraulique et actuel ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation Technique du Congo-Brazzaville), le général de brigade Emmanuel Ndahiro (directeur de l’agence rwandaise de renseignement de 2004 à 2011), et le Sénégalais Pape Mamadou Pouye. Arrêté en avril 2013 avec Karim Wade pour enrichissement illégal.

Le foot business y est épinglé malgré les multiples scandales Fifa : Les documents du cabinet d’avocats font aussi apparaître les noms d’une vingtaine de joueurs vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore à Manchester United. Parmi eux, le multiple ballon d’or Lionel Messi. Cette affaire internationale a fait dire à Edward Snowden, l’homme par qui le scandale espionnage via écoutes généralisées de la NSA américaine a éclaté et aujourd’hui réfugié en Russie que «la plus grande fuite de l’histoire du journalisme vient de voir le jour, et elle concerne la corruption».

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