home Politique, RD Congo, Société Le Cardinal Congolais un grand critique du président Kabila, fait passer la foi avant la peur

Le Cardinal Congolais un grand critique du président Kabila, fait passer la foi avant la peur

Par DEBORAH GYAPONG in CANADIAN CATHOLIC NEWS

OTTAWA – Il n’y a pas de place pour la peur dans la vie du Cardinal Laurent Monsengwo. Monsengwo est le prélat franc de la République Démocratique du Congo (RDC), l’un des pays les plus violents et les plus instables d’Afrique.

« Un cardinal n’a pas peur », a déclaré M. Monsengwo, qui était à Ottawa du 5 au 13 juillet à l’invitation de la communauté congolaise du Canada. « C’est une mission pour défendre la foi, au prix de verser son sang. Je n’ai pas peur de faire ça ».

Le 6 juillet, des centaines de Canadiens congolais se sont rassemblés à la cathédrale Notre-Dame pour une messe pour la paix en RDC qui a connu une tension accrue depuis que le président Joseph Kabila n’a pas tenu les élections promises en 2016 par l’Église catholique. L’Église est le plus grand acteur non étatique de la RDC et son plus grand fournisseur de services sociaux.

Monsengwo, qui est souvent critique à l’égard de Kabila, a demandé de continuer à prier pour la RDC alors que la situation politique et économique du pays continue de se détériorer.

Peu à peu, à travers la prière et les manifestations pacifiques, il espère que le peuple de la RDC conduira le pays vers les élections, a déclaré le cardinal dans une interview en français le 9 juillet.

« Le président veut rester », a-t-il déclaré. « Les gens ne veulent pas de lui. Le peuple veut aller aux élections ».

Il y a des personnes dans les partis d’opposition qui veulent qu’un autre gouvernement de transition puisse organiser des élections au lieu d’être organisées par le gouvernement Kabila, a dit Monsengwo. Un groupe international d’observateurs a averti que le président pourrait essayer de «créer l’état d’urgence » pour pouvoir « déclarer la loi martiale »  et rester au pouvoir.

Selon des informations récentes, des conflits armés ont déjà lieu dans 10 des 26 provinces du pays, en particulier dans la région orientale. Plus de quatre millions de Congolais sont déplacés à l’intérieur du pays, et de nombreux autres ont fui vers les pays voisins.

En janvier, les forces de Kabila ont tué au moins six manifestants pacifiques et en ont blessé des douzaines d’autres, dont beaucoup de catholiques qui portaient des bibles et des chapelets.

Le pays a été déchiré par les conflits ethniques, les factions rebelles ainsi que la rude domination du gouvernement Kabila. Les problèmes de la RDC ont été aggravés par les conflits sur les riches ressources minérales du pays.

Dans les années 1990, le pays a été ravagé par deux guerres, culminant par une guerre civile de 1997 à 1999.

Le Canada a récemment envoyé des soldats de la paix au Mali. Lorsqu’on lui a demandé s’il aimerait que les Casques bleus canadiens se joignent aux 18 000 membres des forces des Nations Unies déjà en RDC, le Cardinal a répondu: «Officiellement, le pays ne veut pas plus de casques bleus. (Ils disent) ça leur coûte trop cher, même s’ils ne paient rien.

« Mais les gens les veulent », a-t-il dit. « Avec les casques bleus, ils sont capables de suivre ce qui se passe dans différentes parties du pays ».

La condamnation de Monsengwo du régime actuel l’a mis dans une position dangereuse, mais il dit qu’il prend des mesures pour rester en sécurité.

« Naturellement, je suis prudent », a-t-il dit. « Je ne mange pas n’importe quoi; Je ne bois pas n’importe quoi ». Quand il est à la maison, les deux femmes qui préparent et servent sa nourriture sont ses nièces, a-t-il dit. « Personne d’autre n’entre dans la cuisine… ».

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