C’est le weekend du samedi 19 mai 2018 que l’activiste pro-démocratie Rossy Mukendi Tshimanga a été conduit à sa dernière demeure aux cimetières de la périphérie de la capitale congolaise dites Nécropole entre Ciel et Terre. Et ce, sans devoir subir une dernière humiliation : matraquage et tirs de gaz lacrymogène pour disperser la foule et séquestration une demi-heure durant du cercueil abandonné sur le trottoir et sous bonne garde des forces de la police nationale congolaise au service du régime armées jusqu’aux dents.
Cette scène ignoble se déroule sur le Boulevard Triomphal entre le Palais du Peuple et le grand stade des Martyrs. Pour expliquer cette énième forfaiture, le pouvoir explique que « de force, les activistes porteurs du cercueil de leur ami voulait symboliquement l’amener de force au Palais du Peuple, siège du parlement national ». Chose que réfute catégoriquement les activistes des Mouvements citoyens : « A la fin de la messe en la Cathédrale Notre Dame du Congo et dans la poursuite de notre hommage populaire à Rossy Mukendi Tshimanga, nous transportions son cercueil précédé du corbillard avec l’intention de le remettre dans ce véhicule vers la 1ère Rue Limete » explique un responsable du Mouvement Kongo Alerte.
Un député de l’opposition aujourd’hui proche de Katumbi, Sam Bokolombe Batuli écrit sur son mur Facebook : « C’est à se demander jusqu’où ne peuvent-ils pas aller ! Comme si le gaz lacrymogène inhalé de son vivant n’a pas suffi, son cadavre mis en bière et en route pour sa dernière demeure y a encore eu droit. Ici, le cercueil abandonné sur le Boulevard triomphal après la dispersion, par les sbires, à coups de lacrymogène, des compagnons et membres de famille de Rossy Mukendi dont le fantôme épouvante toujours la kabilie. Le peuple gagne toujours ».
En rappel, plusieurs dizaines de personnes s’étaient donné rendez-vous du vendredi 18 au samedi 19 mai 2018 à la Salle Complexe Assanef pour rendre un dernier hommages à Rossy Mukendi après la levée de la dépouille de l’hôpital général de référence de Kinshasa (Ex-Maman Yemo). Autour de son cercueil, la veuve, ses deux enfants, les parents, les frères et les sœurs ; ainsi que des nombreux anonymes sans oublier les leaders et militants de l’opposition, les étudiants et les activistes de Droits de l’Homme.
Rossy Mukendi Tshimanga a été assassiné par balle de la police nationale congolaise le dimanche 25 février 2018 dans l’enceinte de l’Eglise catholique Saint Benoit de la commune de Lemba lors de la marche organisée par le Comité Laïc de Coordination en réclamation de la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre issu du dialogue de la CENCO en décembre 2016.
Avant la fin de la cérémonie d’enterrement, c’est un père ému qui s’est adressé à son fils défunt au travers des paroles d’un citoyen adressé à un héros national, la prière d’un papa chrétien qui accompagne son fils martyr ; Monsieur Tshimanga parlant à son fils Rossy Mukendi : « Fait en tout que dans ce pays, sur 80 millions de congolais, qu’il y ait au moins 50 millions de Rossy(s) pour changer ce pays, #LePeupleGagneToujours ».
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi