Quand la voix de Thabo Mbeki trouble les eaux congolaises ! [Lu pour vous]

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La dernière prise de parole de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a suscité une onde de choc bien au-delà des frontières de son pays.

Ses propos, tenus lors d’une récente interview en anglais, ont rapidement traversé les cercles diplomatiques, médiatiques et politiques, enflamment les éditoriaux, et rallument les braises d’une controverse que l’on croyait éteinte.

Ce qui devait apparaître comme une simple opinion d’un ex-chef d’État sur la situation politique de la République démocratique du Congo s’est révélé être un plaidoyer à peine voilé en faveur d’un ancien dirigeant congolais déchu, en quête de retour sur la scène nationale par des moyens manifestement éloignés des standards démocratiques.

Les mots sont pesés. Et ils ne laissent place à aucun doute quant à l’intention : apporter une forme de légitimité morale et politique à celui qui, pour beaucoup, incarne une trahison historique. Un homme que d’aucuns qualifient aujourd’hui de « félon devant l’Éternel », tant sa gouvernance passée demeure marquée par l’opacité, les violences muettes et les occasions perdues.

Une étrange coïncidence

Ironie de l’histoire ou simple hasard du calendrier : c’est le même jour que le sénateur à vie Joseph Kabila recevait une notification officielle l’invitant à se préparer à la levée potentielle de ses immunités, préalable à une éventuelle comparution devant la justice de son pays. Une étape symboliquement forte, qui marque un tournant dans la perception de l’impunité des anciens régimes.

Dès lors, une question s’impose : que vient faire Thabo Mbeki dans ce débat ? Pourquoi prêter sa voix, son crédit d’homme d’État, à une cause qui, aux yeux de nombreux Congolais, relève davantage du passé que de l’avenir ?

Certains murmures, désormais insistants, évoquent des intérêts personnels bien enracinés en terre congolaise. Des concessions minières à Kolwezi, des liens économiques dans le Nord-Kivu, et surtout une justification publique de sa fortune comme fruit de « business » réalisés au Congo. La République démocratique du Congo, trop souvent perçue comme une vache à lait silencieuse par des réseaux politiques étrangers, continue de susciter des convoitises sans fin.

Une parole qui blesse

Plus grave encore que les intérêts inavoués, c’est le discours lui-même qui choque. L’ancienne figure de la renaissance sud-africaine, qui fut autrefois porteuse d’espoirs continentaux ; semble désormais s’adonner à une rhétorique qui flirte avec le mépris. Ses mots, bien que choisis avec la prudence diplomatique, transpirent une condescendance déplacée et un tribalisme insidieux, laissant entendre que seuls certains profils, certaines origines, seraient légitimes à diriger le Congo. Et que l’actuel pouvoir serait taxé de ces tares de séparatisme. Sans en apporter la moindre preuve. La récitation d’une leçon erronée et mal assimilée, n’a d’équivalence que la médiocrité.

Ce genre d’intervention n’est pas simplement une ingérence. C’est une insulte à l’intelligence et à la souveraineté du peuple congolais. C’est également un crachat symbolique sur la mémoire de toutes celles et ceux qui, depuis des décennies, luttent pour que le Congo cesse d’être une proie, pour qu’enfin la dignité, la justice et la paix s’installent de manière durable.

Un Congo éveillé

Il faut que cela soit dit clairement : le Congo d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier.

Les Congolais ne sont pas dupes. Ils ont appris, parfois au prix du sang, à discerner les vrais enjeux derrière les postures publiques. La tentative de revenir par la petite porte du parrainage international, en s’appuyant sur des figures du passé, relève d’un vieux jeu dont les règles ne tiennent plus.

Il ne s’agit plus simplement d’un affront politique. Il s’agit de l’avenir d’une Nation. Et face à cela, aucun discours importé ne saurait peser davantage que la volonté souveraine du peuple congolais. Et comme dirait Tintin : Au Diable THABO MBEKI !

Zadain KASONGO, LAUTREINFO

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