Quid du « partenariat stratégique minier » entre les Etats-Unis et la RD Congo ?

Outre l’organisateur de la réunion, le cabinet de lobbying et conseils stratégiques Von Batten-Montague-York, L.C., président du Conseil des affaires Afrique-USA ; il y avait un membre du Congrès américain, un haut représentant de Kobold Metals, une société californienne soutenue par Jeff Bezos, le fondateur de @amazon et Bill Gates, cofondateur de @Microsoft qui sont intéressés par le partenariat minier entre les États-Unis et la RDC. Kobold Metals, déjà implantée en Zambie ; vise le lithium congolais et est prête à investir des milliards de dollars dans ce partenariat.

La plus grande annonce concernant Kobold Metals a été que « tous les futurs employés de Kobold au Congo se verront accorder la propriété d’actions KoBold », la même entreprise reconnaissant que « les ressources naturelles de la RDC appartiennent de droit au peuple congolais, qui, avec ses enfants et petits-enfants, devrait en récolter les bénéfices ». De la place pour les Congolais dans les entreprises américaines, 90 % des employés des entreprises américaines qui vont s’installer en RDC seront congolais, comme cela a été déjà le cas en Zambie où Kobold Metals travaille.

Durable dans le temps, « ce partenariat a été pensé pour bénéficier aux générations futures tant en RDC qu’aux États-Unis » selon les organisateurs du meeting sur zoom. Ce « deal du siècle » si l’on peut l’appeler ainsi, mobilisera des milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures, la sécurité et les technologies se fera via la Banque Exim des États-Unis qui s’engage à garantir des crédits pour les entreprises américaines souhaitant investir en RDC.

La place du Rwanda

Contrairement au flot d’informations partagées sur les réseaux sociaux et la fausse campagne de propagande menée par ceux qui sont contre la concrétisation de ce grand projet du partenariat stratégique entre la RDC et les États-Unis, le Rwanda en tant que pays n’est pas impliqué dans ce partenariat. Ce pays n’est concerné que par des accords de paix séparés négociés avec l’aide de l’administration américaine. Toute implication rwandaise serait encadrée par ces accords uniquement, et ne touche en rien les investissements et engagements du deal USA-RDC. Le deal est exclusivement entre la RDC et les États-Unis représentés par ses entreprises.

Que se passera-t-il demain si Kagame signe la paix et se rétracte plus tard ? La paix est la condition essentielle à la mise en œuvre du deal. Si Kagame viole les accords après signature, il s’exposerait à des sanctions sévères et immédiates, d’une ampleur jamais vue contre le Rwanda. Du reste, les premières sanctions contre certaines personnalités de son régime ont déjà été prises par l’administration Trump.

À lire aussi : Le Cabinet américain Von Batten-Montague-York, LC en croisade contre le régime rwandais https://www.afriwave.com/2025/02/20/le-cabinet-americain-von-batten-montague-york-lc-en-croisade-contre-le-regime-rwandais/

De la corruption et la sécurité

En rapport avec les valeurs positives des États-Unis, ce partenariat repose sur quatre piliers majeurs à qui sont la stabilité politique, la sécurité et la sûreté, les infrastructures stratégiques et la transparence totale dans la gouvernance. ️Les organisateurs ont tenu à rappeler l’intervention par visio-conférence du Président de la République Félix Tshisekedi à propos des défis liés à la corruption avec expression de son engagement à y mettre fin. Ce qui avait touché de nombreux membres du Congrès américain et à ce propos, des mécanismes rigoureux ont été mis en place pour garantir qu’aucun politicien, ni même un membre de la famille présidentielle, ne puisse interférer dans la gestion des fonds et des projets. La transparence est non négociable.

Quant aux minerais qui seront extrait de la RDC, ils ne seront pas exportés bruts comme l’a souhaité le Président Tshisekedi qui a proposé qu’ils soient raffinés localement afin de créer des emplois et de renforcer l’économie nationale ; une proposition acceptée et des raffineries seront installées sur place en RDC.

Concernant la présence dominante actuelle de la Chine dans le secteur minier congolais, « Washington dit ne pas vouloir interférer. Pas question, selon eux, de demander à Kinshasa de retirer des concessions à des entreprises chinoises ». Les États-Unis disent par contre « vouloir offrir une alternative concurrentielle ».

Dans le cadre du renforcement de la sécurité, les États-Unis ne prévoient aucun déploiement des troupes américaines dans les pays, des entreprises privées de sécurité pouvant bien remplir cette mission. Par contre, les Etats-Unis envisagent de mettre en place des bases stratégiques en RDC, seuls des instructeurs, spécialistes et conseillers militaires accompagneront l’armée congolaise pour renforcer ses capacités.

La question du retour de l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila dans la zone occupée par les rebelles a également été abordé.  Même si pour les États-Unis son voyage à Goma est un problème interne à la RDC, cet acte soulève de sérieuses inquiétudes. Les mouvements de Kabila sont étroitement surveillés, son dossier sera soumis au Congrès américain la semaine prochaine et les États-Unis restent vigilants sur toute tentative de déstabilisation interne a-t-on appris.

Quid de l’avenir ?

Les équipes congolaises et les lobbyistes continuent de travailler à finaliser cet accord commercial qui pourrait durer plusieurs décennies. Il couvrirait l’exploration d’une grande partie du sous-sol congolais, pas seulement dans le Katanga ou le Kivu ; Kinshasa insistant aussi sur la transformation des ressources qui doit se faire sur place. La Première ministre Judith Suminwa est notamment attendue sur place pour inciter les investisseurs américains à venir.

Après la première conférence en ligne du mois de mai 2025, « Von Batten-Montague-York, LC organisera une conférence en présentielle à Washington, DC, en juillet pour garantir que les entreprises américaines, congolaises-américaines et congolaises locales comprennent les détails clés du plan envisagé et peuvent éventuellement faire partie du partenariat minier proposé. Les administrations @realDonaldTrump et @Presidence_RDC s’engagent à garantir un partenariat transparent et exempt de corruption. Les ressources naturelles de la RDC appartiennent aux citoyens congolais, et uniquement au peuple congolais. Grâce au partenariat américain, nous pouvons créer de la richesse et des emplois bien rémunérés pour tous les Congolais » peut-on lire sur leur compte X (ex-Twitter).

Que sait-on du deal minier en négociation entre Kinshasa et Washington ?

De cet accord minier entre les États-Unis et la RDC via des entreprises privées encore en négociation et non un contrat signé, il ne s’agit aujourd’hui que d’un cadre en discussion destiné à attirer davantage d’investissements américains dans le secteur minier congolais. Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique du Département d’État américain, l’avait précisé en avril 2025 lors de son passage à Kinshasa que « ce projet s’inscrit dans la stratégie économique portée par l’administration Trump sur le continent ».

Ce « minerals deal », est un projet structurant de coopération économique, son objectif étant d’encourager les entreprises privées américaines à investir dans les mines congolaises, mais aussi dans les infrastructures nécessaires à ces activités notamment les routes, chemins de fer, barrages, centrales hydroélectriques. Et pour que les choses soient claires, Massad Boulos l’avait répété : « le gouvernement américain n’intervient pas directement dans les exploitations minières, mais il facilite les investissements à travers des institutions comme la Development Finance Corporationou EXIM, la banque d’import-export des États-Unis ».

Ce projet qui se veut « gagnant-gagnant », selon les deux parties ; « les entreprises américaines qui seront impliquées devront respecter les lois congolaises, mais aussi les lois américaines, notamment sur le travail des enfants, l’environnement et la lutte contre la corruption ».

Ce deal reste aussi lié à un autre grand projet stratégique des américains : la construction du Corridor de Lobito, soutenue par les États-Unis. Le corridor de Lobito devrait relier les régions du sud de la République démocratique du Congo (RDC), le nord-ouest de la Zambie et l’Angola aux marchés commerciaux régionaux et mondiaux via le port de Lobito. Il doit ainsi permettre d’évacuer plus facilement les minerais vers l’Atlantique, un élément clé pour les entreprises intéressées par le cuivre ou le cobalt, notamment dans la région de Kolwezi.

À lire aussi  « Corridor de Lobito » : Félix Tshisekedi en Angola pour rencontrer Joe Biden https://www.afriwave.com/2024/12/04/corridor-de-lobito-felix-tshisekedi-en-angola-pour-rencontrer-joe-biden/

Dossier réalisé par Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Mabungi pour afriwave.com

Rédaction

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