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RDC : Joseph Kabila, ses consultations à Goma tout azimut et après ?

Quelques jours après son retour annoncé dans le pays depuis la ville de Goma sous occupation de la Rwanda Defence Force (RDF), l’armée rwandaise avec ses affidés rebelles dits AFC/M23 ; l’ancien chef de l’Etat est enfin apparu en public le jeudi 29 mai 2025.

C’est en compagnie et présence du porte-parole officiel des insurgés Lawrence Kanyuka qu’il s’est présenté dans l’une de ses résidences à Kinyogote, au bord du lac Kivu, à l’ouest de Goma. A l’occasion et à l’entame de ses consultations, il recevait une délégation des religieux toutes tendances confondues : musulmans, membres des Églises de réveil, représentants de l’Armée du Salut, orthodoxes, protestants, et d’autres encore. 

Pendant près d’une heure, il avaitt échangé avec ses premiers invités du jour dans ce que l’on dit être des consultations. Se présentant dans la « peau » d’un homme de paix promettant de jouer sa partition comme annoncé dans son allocution du 23 mai, Kabila en réalité est rentrée auprès des siens, les rebelles armés qu’il n’avait jamais quittés. Déjà dimanche 25 mai 2025, c’est l’AFC/M23 qui publiait son arrivée dans la grande ville de l’Est après être passé par Kigali, la capitale rwandaise, puis Gisenyi proche de la frontière pour rejoindre Goma par la grande barrière. 

Ce parcours sans surprise révèle bien les intentions et la pensée de l’homme depuis qu’il avait quitté le pouvoir en janvier 2019. En avril 2025 déjà, l’annonce par lui faite dans la presse étrangère et abondamment relayée par ses proches de son prochain retour au pays par « sa partie orientale », une zone sous occupation des rebelles n’avait rien de « rumeur » comme il a tenté de le minimiser dans son allocution du vendredi 23 mai 2025.

La complicité avérée de Joseph Kabila avec le groupe armé n’est-elle pas aujourd’hui établie, ce qui lui vaut la levée de son immunité parlementaire de sénateur à vie et l’engagement des poursuites à son encontre. La justice militaire lui reprochant la trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commises par l’AFC/M23 dans les parties de deux provinces occupées du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Et pour justifier son accointance avec les rebelles et leur présence à Goma, son conseiller diplomatique, Kikaya Bin Karubi explique que : « Le président Kabila, il l’a dit dans son discours, est prêt à travailler avec quiconque aime passionnément le Congo. Alors si l’AFC-M23 prouve qu’il aime passionnément le Congo, comme le président Kabila le souhaite, pourquoi pas ? L’AFC-M23 veut mettre fin à la dictature et c’est un des objectifs, une des premières conditions pour que la situation redevienne normale en République démocratique du Congo (RDC) ».

Dans une entourloupette mal ficelée, Kikaya ne sait expliquer comment Kabila lorsqu’il était au pouvoir a combattu le M23 et qu’aujourd’hui, il veuille s’allier avec ce même mouvement : « Nous avions combattu le M23 en son temps et les raisons qui ont poussé le M23 à prendre les armes en 2012 ne sont pas les mêmes que celles qui le pousse à prendre les armes aujourd’hui. Le M23 était allié au gouvernement de Monsieur Tshisekedi. Ils ont séjourné pendant longtemps à Kinshasa. Ils ne se sont pas entendus sur un certain nombre de choses, tout comme nous, nous ne sommes pas d’accord avec un certain nombre de choses et ces objectifs convergent aujourd’hui.  Et encore une fois, tous ceux qui peut concourir à mettre fin à la tyrannie et à la dictature, nous sommes prêts à travailler avec eux ». 

Dans cette connivence entre l’ancien président de la République et les rebelles, un seul objectif les réunis : vouloir renverser les institutions légales par la force des armes, ce qui est prohibé par la Constitution et à quoi n’avait pas manqué de réagir le mardi 27 mai lors de la conférence de presse du gouvernement, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya : « Nous sommes dans un contexte démocratique où lui et son parti avaient fait le choix de ne pas participer aux élections. Lorsque vous venez dire que vous allez mettre fin à la tyrannie, vous y mettrez fin de quelle manière ? Il faut dire aux compatriotes qui sont à Goma, aujourd’hui ou qui sont dans les autres parties sous occupation, le message qui leur est destiné, c’était : « Apprêtez-vous, on va faire la guerre ! », il ne faut pas se cacher. Et donc, lorsque je dis que c’est l’homme du passé, c’est justement ce passé-là dont les Congolais n’ont plus besoin : le passé de la guerre, le passé de la compromission de nos minerais, notamment avec le Rwanda, le passé de la corruption, le passé de la concussionNous avons déjà largement dit « non » à cela et aujourd’hui, je pense que nous tous, nous devons nous focaliser derrière le président de la République, sur comment nous terminons la guerre avec le Rwanda. Tous ses supplétifs sont traités à un niveau plus bas ».

Ce vendredi 30 mai 2025, c’était au tour des Autorités Traditionnelles du Nord-Kivu d’être reçus. A ses côtés, Moïse Nyarugabo, son conseiller Kikaya Bin Karubi et surtout Patient Sayiba, l’ancien DG de l’OGEFREM dont le service de renseignements militaires avait confirmé à l’époque son implication dans le mouvement rebelle M23-AFC ; ce qu’il avait nié après sa sortie de prison. D’après son équipe, d’autres consultations sont prévues, une feuille de route devant être établie pour la suite, et une conférence de presse étant également annoncée. 

Parrain historique du M23 et acteur-clé de la déstabilisation du Kivu, de quelle légitimité kabila peut-il se prévaloir aujourd’hui pour parler de paix ? Ses consultations à Goma n’étant qu’une mascarade politique, il ne peut prétendre vouloir la paix alors qu’il est resté silencieux pendant que l’AFC/M23 massacraient les Congolais. La paix ne se fait pas avec ceux qui ont semé la guerre, ce pays n’a pas besoin d’un théâtre politique ; il a besoin de justice, de vérité et de souveraineté !

Plus qu’une solution pour la paix en RDC, Joseph Kabila est un véritable problème pour le pays car n’ayant jamais digéré la contrainte constitutionnelle de son départ du pouvoir en janvier 2019 après 18 ans d’un règne de terreur que l’on veut occulter aujourd’hui. La posture de défenseur de la bonne gouvernance et de la démocratie qu’il tente de prendre ne lui vaut nullement alors qu’il est aujourd’hui sous la protection des occupants rwandais.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com

Rédaction

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