Crâne rasée comme dans ses habitudes, la grosse barbe hirsute également pour l’occasion mais la moustache grise conservée ; Joseph Kabila, depuis un endroit non specifié, a tombé son masque dans une adresse à la Nation de près d’une heure le vendredi 23 mai 2025 dans la soirée.
Cette nième sortie médiatique diffusée sur internet intervient au lendemain de la levée par le Sénat congolais de ses immunités parlementaires en tant que sénateur à vie. 88 sénateurs ont voté pour la levée, 5 s’y sont opposés et trois bulletins ont été déclarés nuls après que l’ancien président de la République ait snobé l’invitation du Sénat à venir s’expliquer.
L’on se souviendrait que dans un communiqué daté du 18 avril 2025, le Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux Constant Mutamba avait saisi la justice militaire afin d’engager des poursuites contre l’ancien chef de l’État et sénateur à vie « pour sa participation directe » au mouvement AFC/M23 dans le contexte d’intensification du conflit dans l’Est de la RDC. De son côté, le Lieutenant-Général, Lucien-René Likulia Bakumi, Auditeur général des Forces armées congolaises, avait officiellement saisi le bureau du Sénat afin de solliciter la levée de l’immunité parlementaire du sénateur à vie, l’accusant de « trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel ».
Rien de nouveau…
D’entrée de jeu, Kabila justifie sa prise de parole en disant : « briser ce long silence parce que l’enjeu est de taille, non pas pour ma famille, moins encore pour ma modeste personne, mais plutôt pour la Nation congolaise. Continuer à me taire m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire pour non-assistance à plus de 100 millions de compatriotes en danger », a-t-il ainsi déclaré.
Dans son intervention de trois quarts d’heure, en dehors de ses critiques déjà exprimées maintes fois comme griefs contre le pouvoir de Kinshasa, la « petite grande nouvelle » du soir étant l’annonce de sa prochaine arrivée à Goma, la capitale rebelle de l’AFC/M23 « dans les prochains jours » s’il n’y est pas déjà après les rumeurs par lui et ses proches propagées il y a quelques semaines déjà qu’il a tenu à dénoncer.
Dénonçant ce qu’il dit être des « décisions arbitraires » en son encontre notamment le risque des poursuites judiciaires à venir contre sa personne, il a réitéré ses accusations contre le pouvoir de Kinshasa de « se défausser sur les autres pour justifier » ses « contre-performances ». S’érigeant en démocrate modèle et gestionnaire orthodoxe qu’il n’avait jamais été 18 ans durant, Kabila déclare urbi et orbi que « La dictature doit prendre fin et la démocratie, tout comme la bonne gouvernance économique et sociale, doivent être restaurée ».
Se prenant pour un « bon docteur », Kabila pose son diagnostic sur le pays qu’il dit « gravement malade ». Sans jamais citer le nom de son successeur, Félix Tshisekedi, à qui pourtant sont destinés ses flèches empoisonnées, il s’est pourtant livré à une critique acerbe de son pouvoir et de sa gouvernance en parlant d’un « État failli, divisé, désintégré, au bord de l’implosion devenu un espace de non droit dans lequel « la volonté du chef de l’État tient désormais lieu de loi suprême ». Il a également dénoncé une série « de remises en cause, reniements et violations intentionnelles de la Constitution » tout en qualifiant d’illégitime « les institutions et leurs animateurs » actuels.
En conclusion de son monologue et comme par hasard avec l’initiative des catholiques et protestants avec leur « Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs », Kabila a terminé par ce qu’il appelle une « proposition » : celle de travailler en vue d’un « pacte citoyen » en 12 points parmi lesquels arrêter la guerre, neutraliser tous les groupes armés, rétablir les libertés fondamentales ou encore réconcilier les Congolais qui permettrait selon lui de « tirer le pays du gouffre ». « Chacun doit jouer sa partition. Je m’engage à jouer la mienne », a-t-il conclu sans donner de plus détails.
A lire son catalogue des bonnes intentions, on aurait cru entendre les revendications du pays agresseur le Rwanda dont on a attendue en vain une simple condamnation comme celle de ses affidés armés de l’AFC/M23.
Comme une menace à peine voilée, soufflant le chaud et le froid ; Kabila rappelle et s’est dit à la fois « militaire prêt au sacrifice suprême » tout en affirmant son « engagement pour la démocratie, la cohésion nationale, la paix et la stabilité »
Thaddée Luaba Wa Mabungi pour afriwave.com
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