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Gabon : Ali Bongo, ex-président renversé, est arrivé en Angola après presque deux ans de résidence surveillée

Le Monde avec AFP

L’ancien président, renversé à l’été 2023 par le général Brice Oligui Nguema, était depuis assigné à résidence à Libreville, tout comme sa femme et son fils, Sylvia et Noureddin Bongo. La présidence angolaise a annoncé leur arrivée à Luanda, vendredi.

Déchu en août 2023 par un coup d’Etat après quatorze ans au pouvoir, l’ex-président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui était jusqu’alors placé en résidence surveillée, est arrivé en Angola avec son épouse et son fils, vendredi 16 mai, a annoncé la présidence angolaise, selon laquelle leur libération fait suite à des contacts entre le président angolais, Joao Lourenço, et Brice Oligui Nguema, le président du Gabon.

« A la suite des initiatives du président de la République d’Angola et président en exercice de l’Union africaine, Joao Lourenço, auprès du président du Gabon, Brice Oligui Nguema, la famille Bongo a été libérée et vient d’arriver à Luanda », a écrit la présidence angolaise dans un communiqué diffusé sur Facebook. Elle a également publié des photographies montrant l’ancien dirigeant accueilli à l’aéroport de Luanda.

Ali Bongo, âgé de 66 ans et dont l’état de santé est présenté comme précaire, a été renversé à l’été 2023 par le général Brice Oligui Nguema, élu président du Gabon en avril avec près de 95 % des voix. Il était, depuis, assigné à résidence dans la capitale, Libreville. Son épouse, Sylvia Bongo, 62 ans, et son fils Noureddin, 33 ans, ancien directeur de cabinet du président déchu, en détention dans l’attente de leur procès pour détournement de fonds publics, avaient été récemment libérés et également placés sous résidence surveillée dans une résidence familiale, à Libreville.

Des conditions de détention qui soulevaient l’inquiétude

Le principal rival du général Oligui, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier premier ministre de M. Bongo, dont la famille a dirigé le Gabon pendant cinquante-cinq ans, a jugé que la libération de la famille démontrait que sa détention « ne respectait pas le cadre de la loi et de la justice ». « Le président Oligui Nguema n’a pas fait preuve de clémence : il a dû s’incliner face aux exigences internationales après ce que tout le monde a compris comme un abus de pouvoir », a-t-il déclaré.

La femme et le fils de l’ex-président gabonais bénéficient d’un régime de liberté provisoire en attendant leur procès pour détournement de fonds publics, a annoncé le procureur gabonais Eddy Minang. « Le mercredi 14 mai 2025, la première chambre d’accusation spécialisée leur accordait la liberté provisoire à raison notamment de leur état de santé, devenu incompatible avec le milieu carcéral », a-t-il déclaré vendredi à Libreville.

Sylvia Bongo est poursuivie pour « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux », tandis que Noureddin a été inculpé de « corruption » et « détournement de fonds publics ».La justice gabonaise leur reproche notamment d’avoir usurpé la signature d’Ali Bongo après son accident vasculaire cérébral, survenu en 2018 et qui l’a laissé très affaibli.

Les conditions de détention de ces deux derniers en dehors du système pénitentiaire commun au siège de la présidence gabonaise soulevaient l’inquiétude. Leurs avocats avaient ainsi déposé une plainte auprès du groupe des Nations unies sur la détention arbitraire ainsi qu’en France. Sylvia Bongo, née Valentin, dispose de la double nationalité franco-gabonaise, tout comme son fils.

A Paris, un magistrat du pôle crimes contre l’humanité de Paris a été désigné début janvier pour enquêter sur les tortures potentielles infligées aux deux prévenus. Ces mauvais traitements auraient eu pour objectif de les contraindre, hors système judiciaire, à céder leurs biens et avoirs sous la pression. Des accusations fermement démenties par le pouvoir à Libreville.

Un transfert « au milieu de la nuit et dans un silence total »

La présidence gabonaise avait annoncé lundi sur les réseaux sociaux que M. Lourenço avait rencontré M. Oligui à Libreville pour des discussions axées « sur le renforcement de la coopération bilatérale, le bon déroulement des élections démocratiques marquant la fin de la transition au Gabon ». Ils ont également évoqué la levée des sanctions à la suite de la réintégration du Gabon au sein de l’Union africaine.

Un député du Parlement de transition gabonais, Geoffroy Foumboula Libeka, a qualifié le transfert de la famille, « au milieu de la nuit et dans un silence total », de « véritable honte pour les premiers jours » du nouveau gouvernement. « Où est la souveraineté du Gabon ? », s’est-il interrogé sur les réseaux sociaux, accusant la libération de la famille Bongo d’être « le prix à payer » pour la réintégration du Gabon au sein de l’Union africaine.

Ce pays de 2,3 millions d’habitants souffre d’un chômage élevé, de coupures régulières d’électricité et d’eau, ainsi que d’une lourde dette publique malgré sa richesse pétrolière. Le général Oligui, ex-chef d’une junte militaire, a prêté serment au début de mai après un scrutin pour lequel les observateurs internationaux n’ont signalé aucune irrégularité majeure.

Omar Bongo a dirigé le Gabon durant quatorze jusqu’à ce qu’il soit renversé, quelques instants après avoir été proclamé vainqueur d’une élection présidentielle que l’armée et l’opposition avaient déclarée frauduleuse. Il était arrivé au pouvoir en 2009, succédant à son père, Omar Bongo Ondimba, qui avait régné pendant quarante et un ans.

Le Monde avec AFP

Lien vers l’article : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/16/gabon-ali-bongo-et-sa-famille-se-trouvent-en-angola_6606416_3212.html

Rédaction

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