État de siège 4 ans : Félix Tshisekedi fait face à une mafia bien organisée… [Lu pour vous]

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(Goma. Le Goupro militaire, le Lieutenant-Général Constant Ndima visite le front contre la RDF/M23. Archives Les Coulisses).

Quatre années. L’Etat de siège, je le présenterai comme un furoncle qui, devenu à maturité, a explosé. La guerre d’agression n’aurait jamais eu lieu si le président de la République, Félix –Antoine Tshisekedi n’avait pas décrété l’état de siège. Avait-il tort de prendre cette mesure ? Que non !

Il faut même lui jeter des fleurs. En décrétant l’état de siège, Félix-Antoine Tshisekedi venait de toucher à de gros intérêts cachés de certaines personnes, Congolais et étrangers, mais surtout au plan de la balkanisation du Congo. On dirait qu’il venait de jeter la pierre sur la ruche des abeilles qui, aussitôt se voyant déranger, ont sorti leur colère pour piquer en désordre tout celui qu’ils croisent sur leur chemin. Cette image n’est pas anodine.

L’état de siège avait mal démarré avec des détournements importants des fonds alloués à son fonctionnement.

D’abord à Kinshasa. L’argent versé pour l’Etat de siège depuis le 14 juin 2021 est resté dans des bureaux et certaines résidences à Kinshasa jusqu’au 16 juillet 2021 sans que les financiers sensés retirer et garder l’argent de l’État ne soient au courant. Près de 50 millions de dollars $. Et le peu envoyé aux gouverneurs a été surfacturé.

A Goma. Sur le terrain, au niveau sécuritaire, on a observé un disfonctionnement incroyable dont l’une des conséquences a été une armée en défensive chronique ayant abouti à la prise de la ville Goma. Au niveau de Goma (administration civile), on a dénombré plus de 40 comptes bancaires ouverts équivalent au nombre de groupes armés, deux Ordonnateurs délégués l’un reconnu par Kinshasa et l’autre par Goma, les régies financières ainsi que les fonds générés en provinces échappant au contrôle du gouverneur militaire financièrement isolé.

Le paradoxe, c’est qu’une partie des fonds en provenance de Kinshasa étaient détournés sur place à Kinshasa. Dans l’entretemps, Kinshasa, devenu un distributeur d’argent, a oublié toute planification de la guerre tout en demandant aux FARDC au front de finir la guerre.

Au niveau de Beni (Sukola 1), la planification au niveau stratégique posait aussi problème parce qu’on n’a pas tenu compte de la globalité (origine) de la composition des islamistes ADF/MTM pour serrer à la limite des frontières. L’ennemi RDF/M23 n’était pas pris au sérieux et donc il y avait un vide sécuritaire sur l’axe Goma-Bunagana où il pillait calmement les minerais.

Conséquence. Le gouverneur militaire était/est incapable de donner des ordres au-delà des limites des frontières administratives. D’où, l’on ne voyait que l’ennemi en face sans s’attaquer à sa traçabilité que ça soit à Beni tout comme en Ituri, voire au Sud-Kivu. La superposition des officiers venait enfin compliquer la machine opérationnelle.

Bref, la gestion cavalière des finances faisait que l’on demande de l’argent à Kinshasa de façon forfaitaire (envoyez-nous plus ou moins autant). Ce qui empêche tout contrôle et favorise des détournements et l’enrichissement illicite. Et donc, le front militaire ne pouvait que pâtir. En clair, on a fait la politique en lieu et place de faire la guerre. Et nous récoltons les conséquences.

Sur le plan socio-politique, le rejet de la mesure a gagné du terrain à la faveur de la contestation des groupes de pression manipulés parfois par le voisin et qui se sont attaqués à l’état de siège parfois sans raisons réelles. Bien plus, les notables communautaires ainsi que les élus se sont mis à attaquer soit visiblement soit par des actions camouflées cette décision.

Félix-Antoine Tshisekedi a engagé des fonds colossaux qui devaient accompagner la réussite de l’état de siège malheureusement il a manqué le contrôle et la gestion rationnelle de différentes ressources allouées à la réussite de l’état de siège. Goma était présenté comme l’épicentre de la magouille et la guerre a perduré jusqu’à ce que Goma tombe.

Etat de siège contre l’expansionnisme agressif du Rwanda et de l’Ouganda

Face à l’instabilité chronique de la partie orientale du pays, l’état de siège permettait de redonner un élan de paix dans la région. Les populations de Goma et de l’Ituri n’ont manifesté aucune solidarité pour le retour de la paix. Le Rwanda qui se voyait priver des ressources minières de la RDC devait actionner sa rébellion quelques mois après surtout avec l’arrestation de l’honorable Mwangachuchu.

Des vérités sont apparues au grand jour notamment dans le recrutement des Rwandais déguisés en policiers congolais (Police des Mines) avec la complicité des autorités de la Police nationale congolaises.

Tous ceux qui tiraient profit de la magouille se sont ligués contre l’état de siège et l’ont combattu. Au fil des années, la guerre est devenue une réalité. Et malgré l’avancée des troupes rwandaises appuyant le M23, certains fils du terroir qui n’ont jamais condamné la guerre, ont continué à réclamer la fin de l’Etat de siège.

En Ituri, avec le gouverneur militaire Johnny Luboya Nkashama, l’Etat de siège a permis la modernisation de la ville de Bunia sans pour autant mettre fin à l’insécurité. Il n’est pas facile d’y mettre fin quand elle est créée et entretenue par les fils du milieu.

Au Nord-Kivu, terre de la mafia et de la contestation, on est arrivé au 3ème gouverneur militaire après Constant Ndima Kongba, Peter Chirimwami (paix à son âme) et aujourd’hui Evariste Kakule Somo avec comme conséquence la RDC a perdu momentanément le siège des institutions provinciales pour se réfugier à Beni.

Etat de siège, un mal nécessaire. On ne peut pas sauver les gens malgré eux mais obligatoirement avec eux. Les situations se posent en nous et il faut parfois prendre des décisions risquées, des décisions fortes. Félix Tshisekedi l’a fait de bonne foi et par amour de son pays. On peut tout dire, l’Etat de siège a permis de mettre au grand jour le dessein caché du Rwanda et de l’Ouganda, des grandes puissances mais surtout des voisins et des pays de l’EAC sur notre pays.

On peut tout dire, l’Etat de siège a permis de mettre au grand jour le dessein caché du Rwanda et de l’Ouganda, des grandes puissances mais surtout des voisins et des pays de l’EAC sur notre pays. Il a permis de tester notre armée nationale, les FARDC et notre patriotisme.

Seul, il ne pouvait pas. Il a manqué un idéal de paix protégé et régulé par le droit. Ce sens de la chose juridique qui permet de gouverner selon le droit nous a manqué. L’état de siège, s’il est un mal, ça devra être un mal nécessaire. Plus que jamais, les Congolais ont découvert des choses et beaucoup appris de cette guerre d’agression.

Aujourd’hui plus qu’hier, toutes les stratégies devraient nous ramener à l’essentiel. L’essentiel, c’est l’intégrité du territoire congolais à retrouver. L’essentiel, c’est la paix. Pour enfin dire : Que la paix soit avec tous les Congolais !

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Nicaise Kibel’Bel Oka

Lien vers l’article : https://lescoulissesrdc.info/rdc-etat-de-siege-4-ans-felix-tshisekedi-a-fait-face-a-une-mafia-bien-organisee-ayant-enfin-conduit-a-la-guerre-du-m23/

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