Inspection Générale des Finances : Jules Alingete Key s’en va à la retraite !

Cinq ans durant, il aura été l’un des hommes clés du dispositif anti-corruption de la présidence de Félix Tshisekedi en qualité d’Inspecteur Général des Finances Chef de Service. Lui, c’est Jules Alingete Key qui vient d’être admis à la retraite aux termes d’une ordonnance présidentielle annoncée sur le compte X (ex-twitter) de la porte-parole du Président de la République le mercredi 07 mai 2025.

Bientôt 62 ans d’âge au compteur, Jules Alingete a été remplacé par Christophe Bitasimwa Bahii comme Inspecteur Général des Finances- Chef de Service. Avant sa nomination, l’heureux promu occupait le poste d’Inspecteur Général des Finances, Chef des Brigades des provinces et Entités territoriales. Il aura pour mission de poursuivre la lutte engagée par son prédécessueur contre la corruption, les détournements de deniers publics et le contrôle des finances publiques.

Le nouvel homme fort de l’IGF sera secondé par Emmanuel Tshibingu Nsenga comme Inspecteur Adjoint de l’inspection Générale des Finances. A eux deux, ils auront la lourde charge de conduire des missions d’audit, de conseil et de contrôle auprès des institutions de l’État ; avec un maintien renforcé de l’efficacité comme la rigueur de cette institution stratégique.

Arrivé à l’Inspection Générale des Finances en qualité de simple stagiaire en 1988, Jules Alingete ; l’homme qui a régné à la tête de ce service directement rattaché à la présidence de la République depuis le 30 juin 2020 faisait peur à plus d’un. Surtout que Félix Tshisekedi avait fait de la lutte contre la corruption son « cheval de bataille ».

Ancien Directeur de cabinet adjoint de l’ex-ministre de l’Économie nationale, Acacia Bandubola Mbongo ; Jules Alingete était devenu un collaborateur privilégié du Chef de l’État dans un domaine aussi stratégique et dont les résultats ont été appréciés. Si son mandat a été salué pour sa rigueur dans la traque des détournements, l’on se souviendrait encore longtemps de sa « prise de bec » avec la controverse dans le dossier des forages et des lampadaires impliquant l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi Nzuji aujourd’hui député national et dont la dernière sortie médiatique continue de faire des vagues dans l’opinion.

Selon les textes l’instituant, l’IGF vérifie et contrôle toutes les opérations financières de l’État, des entités décentralisées, des établissements publics, ainsi que des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant d’un concours financier public sous forme de participation en capital, subvention, prêt, avance ou garantie. Elle peut également mener des missions de contre-vérification des situations douanières, fiscales ou parafiscales, notamment en cas de fraude, ou sur réquisition des autorités compétentes ou à la suite de dénonciations. Elle bénéficie, en plus de son budget, d’une quotité de 10 % sur les pénalités recouvrées au titre de ses dépenses d’investissement.

Parmi les dossiers phares traités par l’agence sous l’ère Alingete, il faut citer les enquêtes menées notamment au sein de la Banque centrale du Congo (BCC), sur le projet agro-industriel de Bukanga Lonzo et sur le Go Pass, cette redevance prélevée dans les aéroports, censée aider au développement de leurs infrastructures.

Au sujet de Bukanga Lonzo dont le dossier est revenu au-devant de la scène devant la Cour Constitutionnelle, l’ancien premier ministre aujourd’hui député national Augustin Matata Ponyo reste empêtré dans ce scandale où l’IGF dénonçait « un éléphant blanc qui a englouti plus de 280 millions de dollars ». De même pour la banque d’émission du pays où « Il y a des prélèvements injustifiés dans le compte général du Trésor, et un problème avec les commissions que la BCC se paie sur les bénéfices de celui-ci ».

Avec ce changement à la tête de l’IGF, il y a lieu de se demander s’il s’agit d’un simple remue remue-ménage ou une réelle volonté d’insuffler une nouvelle dynamique pour le reste du mandat présidentiel dans un contexte où la bonne gouvernance, la transparence financière et la redevabilité sont plus que jamais au cœur des priorités de l’État ?

Seul le temps nous dira si les nouveaux responsables parviendront à relever les défis liés à la gestion rigoureuse des finances publiques, dans un pays où la corruption et les détournements des deniers publics sont devenus comme une seconde peau des politiques et des dirigeants sur fond d’une impunité légendaire.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com

Rédaction

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