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Miné par une crise d’effectifs, le M23 se décroche de Walikale Centre et replie dans le Rutshuru

Après un premier « faux » désengagement annoncé le 22 mars 2025, c’est contraint et forcés après des violents combats et sous un tapis des bombes que les derniers éléments des rebelles terroristes du M23 ont finalement fuis Walikale Centre, direction Rutshuru vers Goma. Et ce que l’on refuse d’avouer publiquement, c’est cette crise d’effectifs sur terrain que rencontre aujourd’hui les rebelles sans un appui conséquent du Rwanda.

Selon des témoins sur place, c’est depuis mercredi 02 avril 2025 que les dernières poches des rebelles AFC/M23-RDF avaient débutés leur repli de Walikale-Centre ; sous un harcèlement permanent des forces loyalistes déterminés à laver l’affront subis quelques jours auparavant. La population étonnée ne sachant exactement pourquoi ils étaient en train de se retirer de cette localité, les habitants de Walikale-Centre finalement constatant qu’aucun élément rebelle n’était plus visible aux principaux points qu’ils occupaient dans la cité.

L’occupation de cette localité stratégique et le contrôle des principaux points de son chef-lieu était présentée comme un « boulevard » ouvert vers Kisangani, capitale de la province de la Tshopo ; située à 400 km plus au nord et que l’on présentait comme le futur objectif des assaillants. Mais c’était sans compter avec la résistance des FARDC et autres Wazalendo qui ont fait de Walikale un véritable nœud gordien dont les rebelles n’avaient pas d’autre solution apparente ; mais qui a finalement trouvé une résolution par une action radicale des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) appuyées par les patriotes Wazalendo.

Faute d’arguments et en délicatesse sur terrain, c’est en republiant leur communiqué du 22 mars 2025 que les rebelles ont tenté de maquiller leur bérézina de Walikale finalement présentée comme un « geste de bonne volonté dans le cadre de négociations directes avec Kinshasa qui pourraient avoir lieu à Doha ». Cette fois-ci, la ruse de l’ennemi rwandais par son « Ubwenge », cette « culture du mensonge » qui combine à la fois intelligencemensongerusemalignitéduplicitédissimulation, et fourberie n’a pas tenue. Les forces loyalistes et les patriotes pour la défense de la patrie ont gardé une pression maximale et une vigilance toute azimut pour devancer les manœuvres de contournement rebelle afin de ne pas tomber dans les surprises de Goma et de Bukavu.

À lire aussi : Les rebelles de l’AFC-M23-RDF se désengagent de Walikale-Centre https://www.afriwave.com/2025/03/22/les-rebelles-de-lafc-m23-rdf-se-desengagent-de-walikale-centre/

Face à une crise d’effectifs, vers une guerre technologique ?

Depuis la chute de Goma le 28 janvier 2025, suivie de celle de Bukavu le 15 février 2025, les terroristes de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda ; avaient marqués des avancées spectaculaires dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ces victoires, qui ont redessiné la carte du conflit dans l’Est du pays, ont cependant révélé une faiblesse structurelle chez les rebelles : un manque criant d’effectifs pour gérer et opérer efficacement sur les vastes territoires conquis.

Alors que le Rwanda, accusé par la RDC d’avoir déployé jusqu’à 4 000 soldats des forces spéciales de la Rwanda Defence Force (RDF) aux côtés du M23 ; accusations corroborées par des rapports des Nations Unies, semble limiter ses envois de troupes supplémentaires. Comme tout le monde le sait, sans les troupes de l’armée rwandaise, l’AFC/M23 sont des coquilles vides et face à ce dilemme, les rebelles avaient cru trouver une nouvelle stratégie : une guerre technologique avec le déploiement des équipements militaires d’espionnage et de brouillage électroniques acquises par le Rwanda auprès du Grand-Duché de Luxembourg.

Mais cette option, bien que prometteuse et déjà expérimentée, se heurte à des contraintes financières et logistiques, offrant ainsi une opportunité aux Forces Armées de la RDC (FARDC) de reprendre l’initiative comme à Walikale. Selon des témoins sur place, deux stations d’espionnage et de brouillage ont été détruites par des bombardements précis des FARDC dans la zone située non loin de l’aéroport de Kigoma ; rendant ainsi aveugles et sourds les rebelles, ce qui aurait précipité leur fuite.

Une expansion territoriale fragile

Les prises de Goma et de Bukavu, deux villes stratégiques et densément peuplées ; avaient marqué un tournant dans l’offensive de l’AFC/M23/RDF. Cependant, plus les rebelles étendaient leur contrôle, plus ils s’exposaient à une réalité militaire bien connue : la dilution des forces. Avec une estimation de 3 000 à 6 000 combattants, selon les rapports de l’ONU et d’autres observateurs, l’AFC/M23, même renforcé par les 3 000 à 4 000 soldats rwandais signalés en 2024 ; ne dispose pas des effectifs nécessaires pour tenir des territoires aussi vastes que le Nord et le Sud-Kivu. Ces provinces, qui s’étendent sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés, incluent des zones montagneuses, des forêts denses et des axes routiers difficiles à sécuriser.

La chute de Bukavu illustre cette fragilité. Comme nous l’avons détaillé dans un précédent article, la ville était démilitarisée 48 heures avant l’arrivée des terroristes, résultat d’une guerre psychologique et médiatique savamment orchestrée par le M23. Cette stratégie, bien qu’efficace pour semer la panique et désorganiser les FARDC, ne garantit pas une occupation durable. Des témoignages locaux font état de poches de résistance persistantes dans les faubourgs de Bukavu et d’une incapacité des rebelles à instaurer un contrôle total, notamment à Goma, signe d’une dispersion de leurs forces.

Le Rwanda en retrait, un soutien limité

Le Rwanda, principal appui de l’AFC/M23, se trouve aujourd’hui dans une position délicate. Accusé par Kinshasa et par la communauté internationale d’avoir déversé près de la moitié de ses forces armées sur le sol congolais –une allégation étayée par un rapport de l’ONU d’avril 2024–, Kigali doit désormais jongler avec les pressions diplomatiques et économiques. La menace de sanctions de la part de pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, ainsi que les appels répétés à un retrait de ses troupes ; limitent sa marge de manœuvre. Envoyer davantage de soldats RDF en soutien aux rebelles en RDC est un risque pour son propre territoire de manquer des combattants en cas d’une invasion venue de l’extérieure ; d’autant que le pays doit aussi préserver ses propres défenses nationales avec d’autres accusations de soutien à des groupes rebelles burundais comme Red-Tabara.

Devant ce dilemme, l’AFC/M23 semble devoir se débrouiller avec ses propres ressources humaines, qui restent insuffisantes pour une guerre de contrôle territorial prolongée. Les recrutements forcés et les tentatives d’administration parallèle dans des zones comme Rubaya, riches en coltan, témoignent de cette pénurie. Mais ces efforts sont limités par la résistance des populations locales et les contre-offensives des FARDC avec leurs alliés Wazalendo.

La guerre technologique, une solution coûteuse et incertaine

Conscient de ses lacunes, l’AFC/M23 semble miser sur une nouvelle approche : l’utilisation de technologies avancées, notamment des drones de combat. Le 31 mars 2025, un drone de fabrication estonienne, modèle 2024, d’une valeur estimée à 50 000 USD, a été abattu par la coalition FARDC-Wazalendo dans les collines de Nyabiondo, près de Masisi. Cet incident confirme l’évolution du théâtre des opérations vers une guerre plus sophistiquée, où les rebelles cherchent à compenser leur déficit en hommes par une présumée supériorité technologique.

Ces drones, capables de frappes précises et de surveillance à longue distance, pourraient permettre à l’AFC/M23 de maintenir une pression militaire sans engager massivement ses troupes au sol. Cependant, cette stratégie a un coût prohibitif : l’acquisition de matériel de pointe, son entretien et la formation des opérateurs nécessitent des fonds colossaux, que ni l’AFC/M23 ni le Rwanda ne peuvent mobiliser facilement à long terme. Les revenus tirés de l’exploitation illégale des minerais, estimés à 300 000 USD par mois dans des zones comme Rubaya, sont loin de suffire pour financer une flotte de drones ou d’autres équipements high-techs. Cette contrainte financière pourrait rapidement devenir un talon d’Achille pour les rebelles.

Face à un ennemi qui malgré ses succès précaires, montre aujourd’hui des signes d’essoufflement ; les FARDC ont aujourd’hui une carte à jouer : celle de la résilience. Certes, l’armée congolaise souffre de problèmes structurels –corruption, sous-équipement, tripotage d’effectif au front, manque de discipline-, mais elle dispose d’un atout avec son avantage numérique indéniable. Avec des effectifs estimés à plus de 100 000 hommes des troupes, les FARDC surpassent largement l’AFC/M23 et ses soutiens rwandais en termes de volume. Même si l’Ouganda, également pointé du doigt pour son implication et appui au M23, décidait de s’impliquer davantage ; le rapport de forces resterait favorable aux loyalistes à condition qu’ils mobilisent efficacement leurs ressources.

La guerre psychologique menée par l’AFC/M23, amplifiée par des campagnes médiatiques visant à démoraliser les troupes et la population congolaise ; a certes porté ses fruits, comme à Bukavu. Mais elle peut être contrée par un sursaut patriotique et une meilleure coordination entre les FARDC et les patriotes Wazalendo. L’abattage du drone à Nyabiondo est un signal encourageant : les forces loyalistes ont les moyens de riposter, à condition de faire preuve de détermination et d’organisation.

L’ennemi n’est pas invincible

Le M23, malgré ses victoires initiales et le soutien rwandais, atteint les limites de ses capacités. L’expansion rapide de son territoire l’a fragilisé, et le recours à une guerre technologique, bien que menaçant, reste une option risquée et coûteuse. Pour les FARDC, l’heure est à la mobilisation. L’ennemi n’est pas aussi fort qu’il le prétend. Un regain de patriotisme et une stratégie adaptée pourraient mettre fin à cette énième agression rwandaise au Congo. La vaillance des soldats congolais, alliée à la résilience du peuple, reste la clé pour renverser la vapeur sur ce théâtre des opérations en pleine mutation.

@ FNK avec et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com

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