Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’UE se sont accordés ce lundi 24 février 2025 à Bruxelles sur le principe d’imposer des sanctions à l’encontre du Rwanda pour son soutien avéré aux violences dans l’Est de la RDC, mais en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.
Ainsi, trois mesures ont été annoncées à savoir :
- 1. La suspension de la concertation que mène l’UE avec le Rwanda depuis janvier 2023 dans les domaines de la défense et de la sécurité,
- 2. L’accord préliminaire controversé sur les minerais avec son Mémorandum d’entente sur les matières premières critiques (MoE) signé début 2024 entre l’UE et le Rwanda sera « reconsidéré », sans pour autant annoncer sa suspension et
- 3. Des sanctions conditionnelles.
« La situation est très grave et nous sommes au bord d’un conflit régional. L’intégrité territoriale n’est pas négociable, que ce soit en RDC ou ailleurs », a déclaré Kaja Kallas, vice-Présidente de la Commission européenne et Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, à l’issue du Conseil des Affaires étrangères de l’Union.
Certes un premier pas mais leur ambiguïté soulève de sérieuses interrogations car conditionner l’imposition de sanctions à l’évolution sur le terrain risque de prolonger inutilement le calvaire des populations innocentes dans l’Est de la RDC.

Parler de la « reconsidération » de l’accord UE-Rwanda sur les matières premières critiques est en contradiction avec la ferme demande de son annulation immédiate du Parlement européen d’il y a dix jours dissimule mal les intérêts économiques et géopolitiques de certains Etats comme la France en première ligne, révélant ainsi un manque de cohérence inquiétant de l’UE. Mais la Commission européenne considère jusqu’ici qu’une suspension serait contre-productive. Kinshasa ayant toujours réclamée de longue date son annulation, car ce document étant un incitant pour le pillage par le Rwanda des minerais à l’Est du Congo.
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Une liste de sanctions n’a pas non plus été annoncée, alors que les Etats-Unis ont décidé il y a trois jours de sanctionner un ministre rwandais pour son rôle présumé dans les violences à l’est de la RDC.
Quant au ministre belge des Affaires Etrangères Maxime Prévot, il reconnait « qu’il aurait préféré des mots plus forts de la part du Conseil », mais il se dit « satisfait de l’existence d’un accord politique qui permettra de prendre des sanctions le moment venu ».
En attendant, un pays, le Luxembourg, aurait fait valoir qu’une « réunion de dialogue était encore programmée d’ici quelques jours et souhaiterait en connaître les résultats avant que l’UE ne passe à des sanctions » selon une source européenne.
Il est néanmoins encourageant de constater que l’Union européenne réaffirme son attachement à l’intégrité territoriale de la RDC, car il ne faut pas oublier qu’il y a un agresseur et un agressé dans cette affaire ; et qu’aucun double langage n’est acceptable. Une chose est certaine, si l’UE veut continuer à peser économiquement et politiquement sur le continent, et dans la région des Grands Lacs en particulier, elle doit faire preuve de plus de détermination et se positionner clairement du bon côté de l’histoire !
CIKUYI TUBABELA à Bruxelles pour afriwave.com