dimanche, mars 23, 2025
AccueilRégionsPolitiqueRDC : Le Conseil de sécurité de l'ONU rattrape le Rwanda

RDC : Le Conseil de sécurité de l’ONU rattrape le Rwanda

Par sa résolution 2773 sur la situation en RDC, le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a condamné, vendredi 21 février, pour la première fois directement le Rwanda pour son soutien aux rebelles terroristes du Mouvement du 23 mars (M23).

Adoptée à l’unanimité, la résolution « condamne fermement l’offensive et l’avancée en cours du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu avec le soutien des forces de défense rwandaises », dont 4 000 soldats sont en appuie au M23, selon des experts de l’ONU. Le Rwanda niant toujours soutenir le M23 et affirmant se défendre contre des miliciens hutus FDLR qui combattraient aux côtés de l’armée congolaise.

Ce texte, rédigé par la France, réclame également le retrait du M23 des territoires dont il a pris le contrôle, notamment Goma et Bukavu, les deux plus grandes villes et capitales des provinces de l’Est du pays, et appelle les forces armées rwandaises à « cesser leur soutien au M23 et à immédiatement se retirer du territoire de la RDC, sans préconditions ».

S’étant jusqu’à présent contenté de dénoncer les violations de l’intégrité territoriale de la RDC, sans nommer le Rwanda, Le Conseil s’est finalement décidé ; de plus en plus de ses membres dénonçant publiquement Kigali, à l’exception des trois pays membres africains du Conseil qui ont finalement soutenu la résolution.

Des jours qui se suivent et se ressemblent, l’Union européenne qui convoque l’ambassadeur du Rwanda ; c’est au tour des États-Unis de mettre la pression sur Kigali en imposant finalement des sanctions financières contre James Kabarebe, ancien ministre rwandais de la Défense et actuellement à l’Intégration régionale ; clairement accusé de soutenir militairement la rébellion du M23 en RDC.

A lire aussi : Le Cabinet américain Von Batten-Montague-York, LC en croisade contre le régime rwandais https://www.afriwave.com/2025/02/20/le-cabinet-americain-von-batten-montague-york-lc-en-croisade-contre-le-regime-rwandais/

Du côté américain, le Secrétaire d’Etat américain Marco Rubio ; appelait le même vendredi 21 février, à un « cessez-le-feu immédiat » au cours d’un entretien téléphonique avec le président kényan William Ruto.

Alors que les lignes bougent de partout malgré l’avancée des rebelles sur terrain, il faudrait s’attendre à d’autres sanctions encore contre le régime rwandais pour son aventure militaire qui perdure depuis plus de 30 ans en RDC.

A ce propos, une observation pertinente du journaliste Trésor Kibangula via son compte X (ex-Twitter)

RDC-Rwanda : unanimité au Conseil de sécurité, mais à quel prix ? Hier, à la surprise générale, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution exigeant le retrait du #M23 et des forces rwandaises de la #RDC Récit d’une séquence diplo intense.

15 voix pour. 0 contre. Un choc. Un basculement. Mais surtout : un compromis à l’arraché. Alors : Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui est resté flou ? Qu’est-ce que ça dit (et ne dit pas) sur le rapport de force. ? Une unanimité qui n’allait pas de soi Quand les membres du Conseil de sécurité se sont installés, personne n’imaginait une adoption sans résistance. La veille encore, les négociations étaient bloquées sur un point clé : Nommer clairement le Rwanda comme soutien du M23.

Les débats ont été tendus. Les A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie, Guyana) ont brisé le silence plusieurs fois. « Briser le silence », dans le jargon onusien, signifie s’opposer à une proposition en négociation, alors que celle-ci aurait pu être adoptée sans objection.

Pourquoi c’est important ? En interrompant la procédure, les A3+ ont obtenu des modifications sur des points sensibles, notamment la formulation des sanctions. Lire à ce sujet

@SCRtweets securitycouncilreport.org Democratic Republic of the Congo: Vote on a Draft Resolution

D’autres États ont aussi brisé le silence à certains moments, selon tjrs @SCRtweets :

• Chine s’est opposée à une mention sur les minerais de RDC et la diligence raisonnable de l’OCDE et de l’ITIE.

• Guyana a proposé que toute référence aux sanctions passe par le régime de sanctions 1533.

Puis, ce vendredi 21 février, coup de théâtre. Tout le monde lève la main. Unanimité.

Ce que dit la résolution (et ce qu’elle ne dit pas) Cessez-le-feu immédiat Retrait du M23 des zones occupées (Goma, Bukavu) Retrait immédiat des forces rwandaises, sans conditions (…)

Soutien aux efforts régionaux de médiation (Luanda, Nairobi, CPS de l’UA) Renforcement du rôle de la MONUSCO et de la SADC (SAMIDRC) Condamnation des violences contre les civils.

Mais un détail intrigue : la clause 9. La résolution mentionne des « mesures supplémentaires » contre ceux qui alimentent le conflit… Mais sans employer le mot « sanctions ». Un compromis subtil pour ne pas braquer certains États, si l’on se base notamment sur @SCRtweets

Entre les lignes : les vraies positions • Algérie a insisté sur les processus régionaux • Sierra Leone a parlé des forces étrangères • Guyana a cité le Rwanda … mais aussi la RDC pour son soutien aux FDLR. Chaque mot a été pesé.

Pourquoi c’est un basculement notable dans les dynamiques internes : • France, Slovénie, États-Unis et Royaume-Uni dénonçaient depuis un an l’implication rwandaise. • Mais ces dernières semaines, la critique du Rwanda s’est élargie à d’autres États.

Dans les coulisses, les A3+ ont été sans doute « sous pression ». Ils ont plié, mais pas rompu. Le Rwanda a immédiatement dénoncé une « intimidation » des Africains. Ceci est un signe que quelques lignes ont bougé, que quelque chose a changé.

Est-ce un tournant par rapport à 2012 ? Sur le papier, oui, c’est une victoire pour Kinshasa. Le Rwanda nommément cité. Un vote unanime. Mais en 2012, une autre résolution avait aussi été adoptée à l’unanimité sur la crise du M23… sans jamais mentionner le Rwanda.

À l’époque, la ligne était claire : condamner le M23, mais éviter toute confrontation directe avec Kigali. Aujourd’hui, le Conseil exige officiellement le retrait des forces rwandaises.

Alors, est-ce un changement majeur dans la diplomatie onusienne ? Est-ce le fruit d’un vrai changement de rapport de force… ou simplement d’une pression conjoncturelle ? Certains disent que l’unanimité est surtout le fruit de la pression internationale.

Une source qui suit de près ces tractations résume : « 20% diplomatie congolaise, 80% pression des autres ». En clair : Kinshasa marque un point, mais la bataille n’est pas gagnée. Et après ? • Le Conseil a voté, mais sur le terrain ? • Le M23 respectera-t-il le cessez-le-feu ? • Le Rwanda cédera-t-il sous la pression diplomatique ? • Kinshasa obtiendra-t-elle des sanctions réelles ?

C’est un vote fort, mais son application est incertaine.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com

print

Partagez

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments

jules Otshudi LOHANDJOLA candidat à l'élection présidentielle en R.D.C sur RDC : Le Comité Laïc de Coordination organise une messe des suffrages en mémoire des victimes du 31 décembre 2017
jules Otshudi LOHANDJOLA candidat à l'élection présidentielle en R.D.C sur Culte d’action de grâce en mémoire de Laurent-Désiré Kabila : Une leçon de bonne gouvernance
jules Otshudi LOHANDJOLA candidat à l'élection présidentielle en R.D.C sur Bruxelles : Face à la diaspora congolaise, Félix Tshisekedi en appelle à «une large mobilisation»