Il est l’un des dispositifs importants dans la politique de déstabilisation armée du régime rwandais depuis des années. Lui, c’est Sultani Makenga, coordonnateur et chef de l’aile militaire des supplétifs rebelles terroristes de la Rwanda Defense Forces (RDF) ; l’armée rwandaise, dits du M23 en guerre de rapine contre l’armée régulière congolaise des FARDC dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Réputé discret et peu loquace, l’ancien colonel aujourd’hui « général-major » a fait ses armes à l’ombre du président rwandais Paul Kagamé et pris part à toutes les insurrections qui secouent l’Est de la RDC depuis trente ans. Ce natif de Rutshuru (ce qui reste à prouver) le 25 décembre 1973 dans l’ancien Zaïre, Makenga aura été de tous les épopées militaires sanglantes au Rwanda comme en RDC.
Toujours vêtu de sa tenue militaire avec casquette vissée sur la tête, il serait presqu’un mystère tellement ses prises de parole sont exceptionnelles. Depuis la création du Mouvement du 23-Mars (M23), en novembre 2012, il ne s’est jamais adressé publiquement à la population locale contrairement aux autres dirigeants rebelles. Sa réapparition du mercredi 05 février 2025 à l’Hôpital du Camp militaire Katindo de Goma auprès des blessés présentés comme militaires FARDC n’est que la continuité du cirque du meeting de Nangaa au Stade de l’Unité de la même ville.
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Dans les années 1990 pendant la guerre civile rwandaise, Sultani Makenga combattait au sein de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), la rébellion tutsi dirigée par Paul Kagame au pouvoir depuis 1994 après l’assassinat du Président Hutu Juvénal Habyarimana. Il a fait partie de ceux qui avaient poursuivi et massacrer dans les camps des réfugiés dans l’Est les hutu en RDC sans pour autant couper le pont avec Kigali.
Après la victoire militaire du Front Patriotique Rwandais (FPR), Makenga se recycle à partir de 1996 en RDC où il participe à plusieurs rébellions qui œuvrent dans l’Est du pays. D’abord au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) fomentée par l’Ouganda et le Rwanda avec Laurent Désiré Kabila, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) aux cotées d’Azarias Ruberhwa. Son plus grand exploit le sera aux côtés de Laurent Nkunda, de son vrai nom Laurent Nkundabatware Mihigo et la rébellion du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP).
Cette sortie médiatiques constitue une première depuis novembre 2021, avec le déclenchement d’une nouvelle insurrection du M23 sous ses ordres avec le soutien du Rwanda. Depuis lors, ils ont pris progressivement le contrôle de grands pans du Nord-Kivu, et de la ville de Goma sa capitale le 27 janvier 2025. Makenga est aujourd’hui sous des sanctions des Etats-Unis et des Nations Unies comme le gel de ses avoirs ou l’interdiction de voyager.
Un parcours d’un éternel rebelle à la tête des soldats du M23
C’est en mai 2012 que Sultani Makenga fait défection des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) où il venait d’être mixé en refusant une mutation dans une autre province que le Nord-Kivu jouxtant le Rwanda. Avec d’anciens dirigeants du CNDP à l’instar de Rutaganda Ntibatunganya Bosco alias Bosco Ntaganda et quelques centaines de soldats, Makenga créera le M23 en lançant une nouvelle rébellion dans le Nord-Kivu.
Recherché depuis 2006 par la Cour Pénale Internationale (CPI), Ntaganda avait été accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre en RD Congo. Ancien dirigeant du groupe rebelle Congrès national pour la défense du peuple, soutenu par le Rwanda, Ntaganda comme Makenga ainsi que leurs combattants avaient pourtant été intégrés dans l’armée congolaise en 2009. Après sa mutinerie en 2012, il était devenu un chef de file d’un nouveau groupe rebelle, le M23. Les membres du M23 ont participé à des exécutions sommaires, des viols et au recrutement forcé d’enfants.
En mars 2013, suite à des querelles intestines entre factions du M23, Ntaganda s’était lui-même rendu à l’ambassade des États-Unis au Rwanda. Transporté à La Haye dans la prison de la CPI, il a été condamné à 30 ans de prison en novembre 2019 pour crimes contre l’humanité à la suite des exactions commises en 2002 et 2003 en Ituri alors qu’il était le chef adjoint de l’état-major général responsable des opérations militaires de la branche armée de l’Union des Patriotes Congolais (UPC). L’homme surnommé « Terminator » qui s’est reconnu « rwandais » et non congolais purge le reste de sa peine dans une prison belge, soit 21 ans, après avoir passé 9 ans à La Haye.
Comme la plupart des dirigeants insurgés qui n’ont de congolais que le substantif, Ntaganda, natif de Kinigi dans le district de Musanze, le 5 novembre 1973 au Rwanda ; sont tous des rwandais. Intégré à l’âge de 17 ans au sein du Front Patriotique Rwandais (APR), il combattu durant la guerre civile rwandaise. Durant la première et deuxième guerre du Congo, il participe à différents groupes armés avant de rejoindre en 2002 l’Union des Patriotes Congolais (UPC) implantée dans la province d’Ituri. C’est au sein de ce mouvement que seront perpétrés les exactions qui amèneront à sa condamnation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Une chose reste certaine, et comme tous les autres criminels ; Sultani Makenga finira par être rattrapé un jour par la Cour Pénal Internationale (CPI), à défaut d’être jugé par la justice militaire congolaise s’il ne fuit au Rwanda à l’instar de Nkundabatware Mihigo dit Laurent Nkunda.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com
