Comme en chaque fin d’année, le Président de la République Félix Tshisekedi a fait son grand oral devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès mercredi 11 décembre 2024 au Palais du Peuple de Kinshasa. C’était au cours de son discours annuel sur l’état de la Nation conformément à l’article 77 de la Constitution pour établir le bilan de son action relative aux 6 engagements de son second quinquennat.
Du pouvoir d’achat au banditisme urbain dans les grandes villes du pays au travers du phénomène dit « kuluna » en passant par la crise sécuritaire dans l’Est comme le bon fonctionnement des institutions; tout a été passé au crible dans ce discours de près de deux heures en évoquant divers thèmes.
Du prix du carburant à la baisse et la suspension de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur certains produits alimentaires, tout a été fait pour « alléger le fardeau économique qui pèse sur nos concitoyens » en « améliorant le pouvoir d’achat de la population » a dit Félix Tshisekedi.
« Je suis fermement convaincu que, outre le renforcement des moyens des services de sécurité, il est essentiel d’adopter rapidement des mécanismes efficaces de réinsertion pour les jeunes désœuvrés. Une plus grande rigueur dans la répression des actes criminels, en conformité avec notre législation, s’avère également primordiale », a estimé le Chef de l’Etat sur le phénomène kuluna.
Manifestant sa « solidarité » aux victimes, le chef de l’Etat s’est dit « déterminé » à mettre fin à la crise sécuritaire dans l’Est du pays : : « je tiens à réaffirmer que nos efforts pour leur porter assistance et protection ne faibliront pas. Grâce à la détermination de nos forces armées et au soutien de la @SADC_News, nous avons repoussé les agresseurs et leurs supplétifs qui comptaient sur une victoire facile et immédiate. L’opérationnalisation du plan de programmation militaire, lancée l’an dernier et poursuivie cette année, rendra nos forces armées plus efficaces sur le terrain. J’ai la conviction que cette approche contribuera à rétablir définitivement la paix et à préserver l’intégrité territoriale de notre Nation », a rassuré le Chef de l’État.
Dans cette optique, Félix Tshisekedi en a profité pour parler de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri après les instructions données à Madame la Première ministre Judith Suminwa de « procéder à l’évaluation sur le terrain des mesures de son assouplissement décidées l’année passée ».
Même s’il ne l’a pas relevé dans son discours annuel, il faut le souligner le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) devrait encore être renouvelé pour une année à New York par le Conseil de Sécurité. Critiqué par la population congolaise après 25 ans de présence, la Monusco avait pourtant commencé son désengagement de l’ensemble y compris l’Est du pays alors que la région fait face aux violences des groupes armés.
Du fonctionnement des institutions…
La question où Félix Tshisekedi était particulièrement attendu demeure son idée sur le « changement- révision » de la constitution de 2006 qui cristallise aujourd’hui le débat politique dans le pays avec ses mensonges comme ses vérités selon les opinions.
Pour peut-être « mettre fin à toutes les spéculations et clore ce débat », malgré le brouhaha des badauds dans la Grande Salle de Plenière du Palais du Peuple dont on ne sait la raison de leur présence, Félix Tshisekedi a plutôt parlé d’une « RÉFORME DE LA CONSTITUTION » : « il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique. Cette démarche consiste uniquement à lancer une initiative visant à inviter nos compatriotes à une réflexion sincère, pour bâtir un cadre institutionnel plus adapté aux réalités et aux aspirations de notre peuple. À tous, je voudrais redire : tout est possible à celui qui rêve, ose et n’abandonne pas ! ».
Pour un juriste qui a suivi le discours du Président de la République et qui s’est exprimé auprès d’ afriwave.com, « Réformer la constitution signifie apporter des modifications à la constitution d’un pays. Ce qui peut impliquer la modification de certains articles ou des chapitres existants, l’ajout de nouveaux articles ou chapitres, la suppression des articles ou des chapitres obsolètes, le changement de la structure ou l’organisation de la constitution elle-même ».
Et il poursuit que : « Les réformes constitutionnelles peuvent être motivées par diverses raisons, telles que : l’adaptation de la constitution à des changements sociétaux ou politiques, le renforcement de la démocratie ou des droits de l’homme, l’amélioration de la gouvernance ou l’efficacité des institutions et la résolution des problèmes constitutionnels ou des contradictions ». Il conclut que toutes « Les réformes constitutionnelles sont souvent soumises à des procédures spécifiques, telles que des référendums, des votes parlementaires ou des consultations publiques ».
Un proche conseiller du Président de la République qui a suivi le même discours et sous anonymat réplique : « C’est une interprétation sémantique très particulière du discours du Chef de l’Etat et une précipitation orientée vers un point pour tenter de clore un débat ouvert par le Président de la République qui demeure constant en indiquant la nécessité de réfléchir sur la révision de certains articles obscurs de la Constitution ou bien le changement pur et simple de cette Constitution des belligérants. Bien entendu, c’est au peuple congolais souverain de trancher ce débat lors du référendum après que la commission multidisciplinaire constituée ait livré ses travaux ! ».
La lecture de Judith Suminwa Tuluka
Pour sa part, la Cheffe du gouvernement national, Judith Suminwa a trouvé dans le discours du Président de la République « un appel à l’action pour construire une République Démocratique du Congo plus forte, résiliente et équitable ». Ainsi en a-t-elle relevé des avancées clés sur plusieurs plans comme :
- La croissance économique : Une prévision de 6 % en 2024, bien au-dessus de la moyenne régionale.
- Le pouvoir d’achat : Réduction historique des prix des carburants, exonérations sur 8 produits de base et stabilisation de la monnaie.
- Les infrastructures avec 7 000 km de routes nationales et provinciales prévues dans le cadre du programme « Minerais contre infrastructures ». 38 000 km de routes de desserte agricole à réhabiliter via le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T).
- La sécurité : Renforcement des moyens des forces de l’ordre, dotation en matériel, et soutien aux Comités Locaux de Sécurité.
- L’agriculture : Soutien massif avec le Programme de Transformation Agricole (PTA-RDC) et le Programme National de Développement Agricole (PNDA), incluant distribution d’équipements, semences, fertilisants et mécanisation.
« Le Programme d’actions 2024-2028, adopté par le Parlement, est notre feuille de route pour relever ces défis. Sous les orientations du Président, le Gouvernement Suminwa est déterminé à transformer ces priorités en actions concrètes au service de nos concitoyens. Ensemble, nous continuerons à bâtir une RDC où chaque Congolais trouve sa place et son avenir » écrit-elle sur son compte X (ex-Twitter) officiel.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi