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RDC : Les nouveaux combats perdus de Delly Sesanga Hipungu en mode « rebelle 2.0 »  

Après un passage raté comme candidat président de la République, malgré ses bonnes idées et son intelligence ; c’est surtout son ralliement aussi inattendu que spectaculaire à Moïse Katumbi pour tout perdre en fin de course qui en avait étonné plus d’un. Lui, c’est un Delly Sesanga Hipungu transformé qu’on a retrouvé le 09 novembre 2024 devant les médias pour son retour dans l’arène politique et ses nouveaux combats contre toute modification ou révision constitutionnelle.

Pour une réapparition, c’est en mode rebelle 2.0 [le terme n’est pas de nous] avec cheveux touffus et une hirsute barbe poivre-sel qu’on l’avait connu depuis très longtemps ; lui qui avait toujours été chic habillé et présenté. Certes qu’il s’est rappelé aux bons souvenir de son passage dans les rébellions armées contre le pays de la fin des années 1990 début 2000. D’abord au Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) aux côtés d’Azarias Ruberhwa sous l’instigation du Rwanda de Paul Kagame avant de traverser les lignes pour le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba soutenu par l’Ouganda de Museveni à quelques mois du Dialogue inter congolais de Sun City en Afrique du Sud.

L’homme de la « Refondation du Congo » et ancien député national, avocat conseil de profession et tribun reconnu ; avec un groupe d’amis issues du monde politique et de la société civile congolaise ; ont publié un document intitulé « Appel au Sursaut National contre le changement de la Constitution et un troisième mandat de Tshisekedi ». Sans en être sûrs, ils prêtent au Chef de l’Etat l’intention de modifier la constitution, peut-être dans le but d’effectuer un troisième mandat à la tête de la RDC. Car pour eux, toute révision de la loi fondamentale actuelle serait considérée comme un acte de « haute-trahison » envers la Nation.

A ses côtés, un autre ancien député non réélu, Ados Ndombasi qui avait désacralisé son rôle d’élu national en se présentant à l’assemblée nationale toujours drappé en « salopette de travail jaune » peut-être pour qu’il soit toujours vue remarquer pendant qu’on ne lui connait pas grand-chose en faveur de ses électeurs durant ses mandats successifs. « Tout un cirque avec un seul objectif, continuer d’exister médiatiquement alors qu’ils sont des produits finis politiquement » s’exclame sous anonymat un curieux participant.

« La brève interpellation musclée de Sesanga par la police du jeudi 14 novembre 2024 lors d’une distribution non autorisée des tracts sur le Rond-point Victoire vers Bongolo ne s’inscrit-elle pas dans une préméditation pour s’attirer encore davantage de sympathie dans l’opinion.  Heureusement qu’il a vite été relâché pour ne pas lui accordé autant d’importance politique alors qu’il a perdu tout son aura » commente sous anonymat un ancien collègue député national réélu. « Surtout que la grande manifestation de leur collectif reste prévue pour le 16 décembre 2024 prochain afin de marquer l’anniversaire du référendum constitutionnel de 2005 » poursuit le député proche du pouvoir.

Les combats de Sesanga

Qui ne se souvient pas qu’avant les élections de 2018, dans le cadre des reformes électorales ; Delly Sesanga en compagnie de « 13 personnalités politiques et sociales » militaient pour la modification de certaines dispositions de l’actuelle constitution pour laquelle il refuse tout changement probable. Hormis Henry Thomas Lokondo, ancien député nationale de Mbandaka en province de l’Equateur décédé depuis lors, certains de ses compagnons ont été réélus alors que d’autres sont dans les institutions du pays comme au gouvernement.

Signataires de l’appel du 11 juillet 2020 pour un consensus sur les réformes à opérer dans le système électoral, notamment sur la réforme de la CENI par la modification de la loi du 19 avril 2013 modifiant et complétant celle du 08 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI, principalement au sujet de la composition de son organe de direction et le mode de désignation de ses membres ; la réforme de la loi électorale, la programmation financière et la révision de quelques articles de la Constitution par le rétablissement de deux tours de la présidentielle, etc. à laquelle il se dit fermement opposé aujourd’hui.

La démarche du groupe de 13 personnalités politiques et sociales de l’époque consistait également à mettre les stratégies en place pour éviter tout glissement en 2023, année prévue pour la tenue des élections générales et qui n’aura jamais eu lieu. Il s’agissait des députes Delly Sesanga, Patrick Muyaya, Jacques Djoli, Thomas Lokondo, Juvénal Munubo, Jean-Marc Mambidi, Claudel André Lubaya, Charles Makengo Ngombe. Mais aussi l’ancien vice-Premier ministre, Mukoko Samba, l’ex Dg de l’OCPT, Jean-Pierre Muongo ainsi que Paul Nsapu et Mme Riche Manya de la société civile.

Après Nkamba où ils avaient présenté leur initiative au chef de l’Eglise Kimbanguiste Simon Kiangani Diangenda, le groupe des 13 avait été reçu par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi le 28 juillet 2020 à la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa avant de poursuivre avec une tournée d’explication de leur projet dans quelques provinces du pays. On ne peut aujourd’hui comprendre le retournement de veste de Delly Sesanga dont pourtant on connait l’intelligence, et surtout l’on se rappelle sa tournée médiatique sur France 24 et TV5 Monde Afrique pour défendre la modification de certaines dispositions de la constitution promulguée en février 2006.

De cette constitution dite des « belligérants » à la sortie du dialogue inter congolais de Sun City en Afrique du Sud pour mettre fin à la partition du pays entre rebelles et régime de Kinshasa, elle (constitution) a toujours été qualifiée de celle écrite à l’étranger et par les étrangers. Ce que n’a jamais nié l’un de corédacteur principal, le professeur belgo-congolais Bob Kabamba de l’Université de Liège en Belgique « mandatés par le gouvernement belge par l’entremise de l’ancien ministre des Affaires étrangères Louis Michel pour rédiger l’avant-projet soumis aux belligérants.

Changement ou révision de la constitution ?

Vue le tollé général, la passion comme la tension actuelles dans le pays depuis que le Président de la République, Félix Tshisekedi avait le 23 octobre 2024, lors d’un déplacement à Kisangani ; estimé que « l’actuelle Constitution n’est pas bonne, elle a été d’ailleurs rédigée dans un pays étranger » en confirmant sa volonté de la revoir, le peuple congolais doit être informé sur la différence entre le changement de la constitution et sa révision qui sont deux notions distinctes bien qu’intimement liées.

Un juriste sous couvert de l’anonymat a d’emblée fait remarquer à www.afriwave.com qu’au « Zaïre de Mobutu aujourd’hui République Démocratique du Congo, nous avons changé de constitution plus d’une fois et nous avons également procédé plusieurs fois à des révisions des articles ciblés. Nous devons donc retenir que le débat sur ce que devrait être notre constitution porté sur deux questions principales : Changement ou révision ? »

Réviser une constitution

La révision constitutionnelle consiste à apporter des modifications spécifiques et limitées à la constitution existante. Ces changements visent à :

  • Mettre à jour des dispositions obsolètes,
  • Adapter la constitution à de nouvelles réalités sociales, politiques ou économiques,
  • Clarifier des ambiguïtés ou des contradictions.

La révision constitutionnelle respecte généralement la structure et les principes fondamentaux de la constitution originale.

Changer une constitution

Changer une constitution, également appelé « réforme constitutionnelle » ou « remplacement constitutionnel », consiste à créer une nouvelle constitution qui remplace l’ancienne. Cela implique :

  • Une refonte complète de la structure et des principes fondamentaux,
  • Une réécriture intégrale de la constitution,
  • Un changement radical de la forme de gouvernement, des droits fondamentaux ou des institutions.

Cette approche est généralement adoptée lorsqu’il y a un besoin profond de transformation politique, sociale ou économique.

En résumé :

  • Réviser une constitution : modifier des éléments spécifiques sans changer la structure globale.
  • Changer une constitution : créer une nouvelle constitution qui remplace l’ancienne.

Exemples :

  • Révision : L’amendement du 1er amendement de la Constitution américaine pour protéger la liberté d’expression.
  • Changement : L’adoption d’une nouvelle constitution en France en 1958, remplaçant la 4ème République par la 5ème République.

Le constituant congolais de l’époque, l’Assemblée nationale et le Sénat ayant repris la grande partie dudit avant-projet, n’avaient pu décider que sur le drapeau, l’hymne national, la devise tout en laissant une grande ambiguïté sur la forme de l’Etat ainsi que les mesures dérogatoires.

La question qui se pose reste celle de savoir où se trouvaient tous ceux qui s’opposent aujourd’hui à la modification de ladite constitution lorsque Kabila et les tiens l’ont modifié en 2011 pour passer d’une élection présidentielle à deux tours pour un seul tour ?

Hors tout calcul politicien, il est judicieux que l’on reréfléchisse profondément pour la modification de la constitution actuelle afin qu’elle cadre avec les réalités du pays en 2024 et pour les années à venir. Car ce ne sont ni ne les rebellions armées, encore moins celle 2.0 qui sauveront la RDC en dehors de sa LOI FONDAMENTALE. Un combat politique perdu d’avance !

A lire aussi : RDC : Delly Sesanga Hipungu, la solitude d’un politique ambitieux ! https://www.afriwave.com/2021/11/10/rdc-delly-sesanga-hipungu-la-solitude-dun-politique-ambitieux/

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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