home Diaspora, Politique, Société LIÈGE-DIASPORA /COVID-19 : Quid d’un Courrier Polémique à l’endroit de la Communauté noire africaine subsaharienne ?

LIÈGE-DIASPORA /COVID-19 : Quid d’un Courrier Polémique à l’endroit de la Communauté noire africaine subsaharienne ?

Diffamation, racisme, stigmatisation et légèreté…telles sont les réactions de colère et d’indignation de la communauté africaine noire de la commune de Liège suite à la dernière sortie du bourgmestre Willy Demeyer. Ce document ayant un rapport direct avec la pandémie du coronavirus.

En effet, dans une étrange communication adressée à une douzaine de représentants de la communauté africaine subsaharienne sous forme d’un mail, Willy Demeyer dit se baser sur une « information importante de certains hôpitaux liégeois » dont La Citadelle pour n’en nommer qu’un seul. Il écrit : « J’adresse ce message aux Liégeoises et aux Liégeois d’origine africaine subsaharienne (noire NDLR), …Aujourd’hui, je m’adresse à toute la population en général mais à vous en particulier ».

Le bourgmestre de Liège affirme sans en donner le pourcentage exacte : « Ils (Hôpitaux) me disent qu’ils constatent une proportion anormalement élevée de personnes d’origine africaine subsaharienne parmi les patients hospitalisés à cause du Coronavirus ».

Le socialiste liégeois pousse encore plus loin comme donneur des leçons d’hygiène : « Cela veut dire que personne n’est à l’abri et que chacun doit, plus que jamais, respecter les consignes (se laver les mains très régulièrement, respecter les distances sociales et rester chez soi au maximum) ».

Pris dans le feu qu’il a lui-même allumé, Willy Demeyer tente de se justifier en se déchargeant sur les autres :« J’ai été alerté par des médecins sur un nombre anormalement élevé de patients africains hospitalisés à La Citadelle de Liège pour cause de coronavirus. ils me demandaient de tirer la sonnette d’alarme. S’agissant d’une urgence médicale, je l’ai donc tirée (…) Il n’y a pas que des médecins qui m’ont demandé d’intervenir, il y a aussi des membres de la communauté africaine elle-même qui avait besoin d’une autorité civile pour rappeler les mesures de prévention. Et aujour’dhui, je peux vous dire qu’ils m’en remercient ».

En bon paternaliste comme à l’époque de la colonisation, Willy Demeyer ne pouvait que tenter de se disculper, mais trop tard pour lui. Car, quelle considération a ce bourgmestre de sa population noire d’origine africaine subsaharienne dont certaines personnes sont des élus de son parti socialiste et membres de son Conseil communal s’interrogent les mêmes représentants des associations africaines de Liège qu’ils citent en témoins.  

Et d’ajouter : « lorsque les élections arriveront, ce même bourgmestre sera là pour solliciter nos voix ; oubliant que nous sommes porteurs de la contamination du coronavirus et que nous ne nous lavons pas assez régulièrement nos mains. Nous l’attendrons fermement le moment venu pour le lui rappeler. Car il ne peut nous dire combien des africains noirs subsahariens sont déjà morts dans sa commune jusqu’à ce jours. Mais aussi sur les plus de 1100 cas des décès enregistrés en Belgique depuis début mars 2020, combien sont-ils originaires de cette communauté qu’il stigmatise de la sorte ».

Un autre représentant conclut sur un ton de colère mais empreint d’humour : « Heureusement que le coronavirus soit venu de la Chine. Si ce virus était arrivé de l’Afrique, on nous aurait tous jetés dans La Meuse (Fleuve qui traverse la ville de Liège NDLR) sur ordre de Mr le bourgmestre Demeyer ».

Pour un journaliste originaire de la communauté africaine subsaharienne de Belgique, « La communication de Demeyer est à la fois maladroite et stigmatisante. En ces temps de confinement, il est difficile de lui demander des comptes. Mais apparemment, il semble être confiant dans ses dires. Ni son service de presse ni celui du Parti socialiste n’ont présenté des excuses à la communauté stigmatisée. D’autre part, la communauté congolaise en particulier et celle africaine de Liège sont -elles exemptes de faute ? Il n’y a pas de fumée sans feu. Il n’en demeure pas moins vrai que la vengeance étant un plat qui se mange froid, la facture sera présentée aux prochaines échéances électorales. Wait and see ».

TSHIKUYI TUBABELA / AFRIWAVE.COM /BRUXELLES

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