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SUISSE : Quatorze personnalités proches de Joseph Kabila interdites de voyage et sanctionnées financièrement

Après les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ; c’est au tour du Conseil fédéral (Gouvernement Suisse) d’annoncer depuis hier mercredi 21 février 2018 d’avoir étendu « les sanctions à l’encontre de la RDC en soumettant 14 personnes aux sanctions financières et de voyage ». Parmi eux, des actuels et anciens ministres du régime, deux anciens gouverneurs des provinces, des responsables de sécurité de la Garde Républicaine et de l’armée congolaise, de la police et des services de renseignements.

Cette imposition concerne des sanctions financières, l’interdiction d’entrée et de transit à 14 proches du président Kabila ; mais pas seulement. Car il s’y trouve également toutes les activités financières illicites notamment un enrichissement par le trafic de minerais, les taxes illégales et le détournement des fonds publics. Mais aussi, pour certains, la responsabilité de l’action ou de la décision dans la violence contre les citoyens et l’opposition.

Ces mesures somment toutes symboliques frappent encore une fois les personnalités proches de Joseph Kabila considérées comme ceux qui entravent la démocratie dans le pays, notamment la tenue des élections par « des actes de violence, de répression, d’incitation à la violence et de violation de l’État de droit, et d’être responsables de graves violations des droits de l’homme ». Comme pour les Etats-Unis et l’Union Européenne, « les éventuels fonds et autres avoirs possédés par ces personnes en Suisse sont gelés. En outre, elles ont l’interdiction d’entrer ou de voyager en Suisse ».

Selon le site du Conseil Fédéral qui est le portail officiel du gouvernement suisse, « Afin de mettre en œuvre les résolutions 1493 (2003) et 1596 (2005) du Conseil de sécurité de l’ONU, le Conseil fédéral avait déjà adopté, le 22 juin 2005, l’ordonnance instituant des mesures à l’encontre de la République démocratique du Congo. Ces mesures comprennent un embargo sur les biens militaires ainsi que des sanctions financières et de voyage à l’encontre de dirigeants politiques et militaires de groupes armés étrangers et de milices congolaises ainsi que de trafiquants d’armes. Alors que la situation politique demeure tendue en RDC, le Conseil fédéral a décidé, à l’instar de l’UE, d’étendre ces sanctions. Les nouvelles mesures entreront en vigueur le 21 février 2018 à 18 heures ». (Extension des sanctions à l’encontre de la République démocratique du Congo https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-69867.html )

Une liste proche de celles des américains et européens

Dans la liste nominative des 14, les officiers militaires et de la police nationale congolaise (PNC) de haut rang et d’anciens gouverneurs : les généraux Kampeta Ilunga qui dirige la Garde Républicaine de protection de Joseph Kabila, Kumba Gabriel Amisi dit Tango Four (FARDC), Luyoyo Ferdinand Ilunga (PNC), Kanyama Célestin (PNC), Numbi Banza Tambo John (FARDC) , Kibelisa Roger, Kaimbi Delphin (Demiap), Boshab Evariste (Ancien ministre de l’Intérieur), Mupompa Alex Kande (Ancien gouverneur du Kasaï Central), Musonda Jean-Claude Kazembe (Ancien gouverneur du Katanga), Mende Lambert (Ministre des Communication et Médias, Porte-parole du gouvernement), Ruhorimbere Éric (FARDC), Shadari Ramazani (Ancien ministre de l’Intérieur) et Mutond Kalev (Directeur Général de l’ANR).

Tous ces noms sont déjà apparus dans les sanctions américaines et/ou de l’Union européenne car considérées comme des responsables et exécutants directs des actes répréhensibles. En dehors des habitués des listes des sanctions précédentes, ainsi l’élargissement à des nouveaux noms est-il considéré comme un nouveau message fort de la communauté internationale envoyé au régime de Kinshasa note un observateur de la scène politique congolaise.

Quelle sera la réaction congolaise ?

L’interrogation qui demeure est celle de la réaction de réciprocité souverainiste de la partie congolaise dès ce matin du 22 février 2018 contre le gouvernement helvétique ? En prenant cette mesure forte, la Suisse n’a pas tenu compte de ses intérêts économiques colossaux en RDC au travers de son géant minier et des matières premières minier Glencore qui règne sur les mines de cuivre et de cobalt du Katanga.

Surtout lorsqu’on sait que les sanctions européennes attribuées en patrie au « zèle » belge selon Kinshasa ; est à la base de la crise diplomatique actuelle entre la RDC et son ancienne métropole.

Dans l’entretemps, les quinze personnalités congolaises proches de Kabila sanctionnées par la Belgique et l’Union européenne ont engagé deux cabinets d’avocats sur la place de Bruxelles pour défendre leurs intérêts. Ce sont notamment le ministre des Affaires Etrangères Léonard She Okitundu et son collègue Alexis Thambwe Mwamba, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.

Le premier cabinet dirigé Me Philippe Chansay Wilmotte, ayant reçu mandat de « mission » signé le 21 février 2017 par Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie de la RDC ; avait déposé in extremis un recours auprès du tribunal de l’UE à Luxembourg. Kinshasa ayant même versé une partie de la provision sur honoraires qui avoisine 200 000 dollars, selon une source gouvernementale.

Coup de poker ou de théâtre, fin décembre 2017 ; Alexis Thambwe Mwamba, ministre de la Justice et Garde des Sceaux retire le premier mandat et engage un second pool d’avocats sur le même dossier conduit par Me Thierry Bontinck et son associé, Me Patrick De Wolf. Rappelons que ce sont ces avocats qui avaient négocié avec les autorités belges, mi-octobre 2017 ; la dérogation ayant permis à Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais et sous sanction de l’UE, de se rendre à Bruxelles au chevet de sa mère gravement malade et décédée en ce mois de février 2018.

Roger DIKU et Tshikuyi Tubabela

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