Comme promis lors de la tenue du 22 au 24 novembre 2017 des travaux de leur Assemblée Plénière Extraordinaire, les Évêques de la CENCO ont donné leur position sur « la situation socio-pastoral du pays marqué par cette crise politique devenue institutionnelle à cause de la non tenue des élections qui perdure ». C’était au cours d’un point de presse donné au Centre Interdiocésain de Kinshasa en présence de son président, Mgr Marcel Utembi Atapa et son SG, l’Abbé Donatien Nshole.
Alors qu’ils relevaient déjà un « constat de la mauvaise foi dans l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre conclu pour une sortie pacifique de la crise et en tenant compte de la situation de plus en plus dramatique dans laquelle vit le pays », dans leur nouveau message intitulé « Allons vite aux élections », les évêques se disent « profondément déçus » par le contexte de « méfiance généralisée » à la base des violences meurtrières dans le pays.
La hiérarchie catholique estime qu’il « est indispensable, sur fond d’une sincère volonté politique, de rassurer le peuple congolais et les partenaires internationaux en donnant des garanties pour la tenue effective des élections ». Du président de la République au gouvernement en passant par le parlement à la CENI et aux dirigeants politiques, chacun en prend pour son grade. Et ce, pour éviter que les élections décrites dans le calendrier électoral publié le 5 novembre 2017 ne manquent finalement d’être organisées.
Ainsi, exhortent-ils le président Joseph Kabila « à prendre l’engagement public de ne pas se représenter à la présidentielle du 23 décembre 2018 pour permettre la tenue d‘élections dans un climat apaisé. Ce qui contribuera à l’apaisement des tensions liées à son maintien à la tête du pays au-delà de la fin de son mandat qui a expiré le 20 décembre 2016 ».
Un an après la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Kabila, la CENCO observe avec amertume que le pays est toujours dans une impasse politique avant d’avertir : « Nous sommes profondément déçus de nous retrouver dans le même contexte de tensions qu’à la fin de l’année 2016. Le peuple ne tolérera pas que cela se répète en 2018 ».
Au pouvoir depuis 2001 après l’assassinat de Mzé Laurent-Désiré Kabila, le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila a pris fin le 20 décembre 2016. La Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat consécutif.
Au gouvernement en place qui se dit « être issu de l’Accord négocié par la CENCO », les évêques l’invite à publier avant la fin de l’année « le plan de décaissement des fonds » destinés à l’organisation des scrutins, et à « prendre des mesures de décrispation en faveur des prisonniers et des exilés politiques » tel que négocié par tous.
Au parlement de Lingwala dont le chef à la double casquette de président et SG de la majorité présidentielle vient d’être pris en flagrant délit de complotisme, il est demandé à « veiller pour voter des lois justes ».
A l’endroit de la CENI qui a mis tout le monde devant « un fait accompli » au travers de la publication de son calendrier électoral sans consensus, il a été est invitée à « manifester son indépendance » de tous bords politiques.
Les hommes politiques devraient pproposer des « projets de société pertinents en faveur du bien-être du peuple au lieu de se contenter de la corruption ». Quant à la société civile, elle devra « garder son identité d’organisation apolitique, sans se laisser inféoder à un quelconque regroupement politique ».
Il faut tout de même rappeler que de leur côté, les opposants radicaux de la coalition du Rassemblement de l’opposition (Rassop) et les mouvements citoyens pro-démocratie à l’instar de La Lucha, Il est Temps, Filimbi et autre Kongo Alerte sont pour « une transition sans Kabila dès le 31 décembre 2017 », en invocation de l’Accord politique global entre opposition et majorité au pouvoir du 31 décembre 2016 qui fixait des élections fin 2017. Ces mêmes groupements expliquant leur prise de position en rapport avec l’article 64 de la Constitution.
En guise de conclusion de son message, la CENCO rappelle à tous ; acteurs politiques et peuple y compris que « l’Accord politique de la Saint-Sylvestre n’est pas mort. Il est et demeure l’unique feuille de route consensuelle pour sortir de cette crise politique qui n’a que trop durée. Et qu’elle (La CENCO) l’accompagnera jusqu’au bout ».