Comme il l’avait promis il y a deux semaines à l’issue de sa condamnation ainsi que son frère Luzolo par un tribunal de Kinshasa, Sindika Dokolo vient d’adresser une longue lettre dite d’indignation au ministre de la Justice et Garde des Sceaux Alexis Thambwe Mwamba. Avec copies pour information à toutes les autorités congolaises dont Joseph Kabila, le gendre du président angolais Edouardo Dos Santos s’insurge à propos ce qu’il qualifie « d’un jugement contre ma personne qui avec toutes ces manœuvres, grossières au demeurant, semblent en apparence ne viser qu’un seul but : me faire condamner à tout prix ».
Comme dans ses habitudes, c’est via des réseaux sociaux ce lundi 24 juillet 2017 qu’il a rendu public en exclusivité sa correspondance via sa page Facebook officiel en attendant sa publication dans la presse à partir de mardi 25 juillet 2017. L’homme d’affaires et collectionneur d’arts congolais résident à Luanda en Angola n’a pas manqué de rappeler les conséquences fâcheuses du dépouillement de sa banque et ses sociétés dont avait été victime son père, Augustin Dokolo Sanu ; sous le régime Mobutu en 1986. De cette spoliation et malgré la restitution d’une partie des biens, « l’indemnisation reconnue et promise n’a jamais été payée jusqu’à ce jour » rappelle-t-il dans son courrier.
La condamnation contre lui et son frère Luzolo à une peine de 12 mois de servitude pénale principale et au paiement des dommages et intérêts de Usd 15.000 contre laquelle il réagit concerne l’affaire qui les oppose à la succession Kusuamina.
Du reste, Sindika Dokolo ne manque pas d’en démontrer les contradictions dans son courrier car l’affaire en question demeure toujours pendante au Tribunal de Grande Instance de Gombe après que lui et son frère soient acquittés dans un premier temps : « Cette affaire porte sur les immeubles enregistrés sous Volume AW 330 folio 86 et Volume AW 330 folio 87 (Commune de la Gombe), Volume AF 43 folio 40 et AF 50 folio 49 (Communes de Kasa-Vubu et Bandalungwa), et Volume AT XXVI folio 95 (Commune de Kimbanseke). Pourtant, mon frère et moi avons été jugés et acquittés pour les mêmes faits et contre les mêmes parties par le Tribunal de Paix de Ngaliema sous RP 27882. Des recours ont été formés contre cette décision et l’affaire est encore pendante sous RPA 19836 devant le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe ».
Lire aussi : RDC Justice : Condamné par un tribunal de Kinshasa, « Sindika Dokolo ne se dit pas impressionné » https://www.afriwave.com/?p=3789
Pour finir, Sindika Dokolo se demande si cette condamnation précipitée ne serait-elle pas liée au fait que « usant de mon droit de citoyen et à diverses occasions, j’ai dénoncé la gouvernance de mon pays et appelé à un changement démocratique conformément à la constitution et aux lois de la République ? » ; avant de croire que « ses opinions et ses engagements citoyens ne serviront pas de prétexte à une instrumentalisation de la justice contre lui ou ma famille ».
Car conclut-il citant Montesquieu « qu’il n’y a pas de pire tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice de la même manière que l’injustice voue fatalement à la perte ceux qui s’y adonnent ». Et de terminer en appelant « le ministre qui vient d’être informé de cette forfaiture à prendre ses responsabilités de mettre la justice de notre pays à l’abri de l’opprobre à laquelle de telles pratiques ne peuvent que l’exposer inéluctablement ».
LA LETTRE
Transmis copie pour information à :
Son Excellence Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président de la Cour Constitutionnelle
Monsieur le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle
Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice
Monsieur le Procureur Général de la République
Monsieur le Secrétaire Permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature
Monsieur le Premier Président de la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe
Monsieur le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe
(Tous) à Kinshasa/Gombe
Objet : Jugement contre ma personne – indignation
A Son Excellence Monsieur le MINISTRE DE LA JUSTICE
KINSHASA/GOMBE
Excellence Monsieur le Ministre,
Il y a 31 ans, en 1986, le régime du Marechal MOBUTU, au mépris des lois, avait décidé de dépouiller feu Augustin DOKOLO SANU, mon père, de sa banque et de la quinzaine des sociétés qui constituaient son Groupe. Mal gérés, ces biens ne lui furent rendus en 1991 qu’après une scandaleuse destruction de l’outil de production et des emplois. L’indemnisation reconnue et promise n’a jamais été payée jusqu’à ce jour.
Il y a quelques jours, j’ai appris que mon frère DOKOLO LUZOLO et moi-même avons été condamnés par le Tribunal de Paix d’Assossa à 12 mois de servitude pénale, à la destruction de certains de nos titres fonciers et à 15.000 $ USD de dommages-intérêts. Ces immeubles nous furent cédés par feu notre père après leur restitution par l’Etat congolais.
Sans m’attarder sur le fond de ce dossier, espérant qu’une justice indépendante et objective permettra un jour d’établir les faits, j’aimerais soumettre à l’analyse du garant du bon fonctionnement de la justice que vous êtes les faits ci-après :
Cette affaire porte sur les immeubles enregistrés sous Volume AW 330 folio 86 et Volume AW 330 folio 87 (Commune de la Gombe), Volume AF 43 folio 40 et AF 50 folio 49 (Communes de Kasa-Vubu et Bandalungwa), et Volume AT XXVI folio 95 (Commune de Kimbanseke). Pourtant, mon frère et moi avons été jugés et acquittés pour les mêmes faits et contre les mêmes parties par le Tribunal de Paix de Ngaliema sous RP 27882. Des recours ont été formés contre cette décision et l’affaire est encore pendante sous RPA 19836 devant le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe.
Toutes ces manœuvres, grossières au demeurant, semblent en apparence ne viser qu’un seul but : me faire condamner à tout prix.
Serait-ce parce que, usant de mon droit de citoyen et à diverses occasions, j’ai dénoncé la gouvernance de mon pays et appelé à un changement démocratique conformément à la constitution et aux lois de la République ?
J’aimerais croire que mes opinions et mes engagements citoyens ne serviront pas de prétexte à une instrumentalisation de la justice contre moi ou ma famille.
Croyez-moi, Excellence Monsieur le Ministre, il n’y a pas de pire tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice (MONTESQUIEU), de la même manière que l’injustice voue fatalement à la perte ceux qui s’y adonnent.
Ainsi j’ose espérer que, informé de cette forfaiture et prenant vos responsabilités, vous daignerez mettre la justice de notre pays à l’abri de l’opprobre à laquelle de telles pratiques ne peuvent que l’exposer inéluctablement.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l’expression de ma parfaite considération.
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