Le martyr de Beni et sa clause de conscience !

Cela fait bientôt 20 ans que la ville de Beni et ses hameaux dans la province du Nord Kivu souffre un calvaire sans nom ni protestation. Située aux confins de l’Ouganda, la ville martyre subit de jour comme de nuit des assauts des milices terroristes avec à la clé : assassinats, massacres et tueries en tous genres. Et ce, dans une indifférence totale et un silence devenu complice. Pourtant, la plus grande force de l’Onu en période de paix dans le monde se trouve en RDC au travers de la Monuc d’abord, et de la Monusco actuellement.
Dans leur ouverte lettre adressé au président Joseph Kabila en ce mois de mai 2016, quatre Coordinations de la Société civile de Beni-Butembo font un effroyable bilan et notent, en passant que d’octobre 2014 à ce jour, 1116 personnes ont été tuées, 1470 kidnappées et plus de mille maisons incendiées par les groupes armés… les scènes d’horreur se décrit avec des corps sans vie, tués à «la machette» ou «la hache», certains égorgés jusque dans leurs maisons. Et où se trouve la conscience collective de toute la Nation aujourd’hui ?

La passivité du gouvernement congolais et de la Monusco

Le gouvernement congolais au travers de son armée et la Monusco semblent aujourd’hui incapables de protéger les civils, ce qui est pourtant leur mandat ; certains massacres se déroulant à quelques encablures de leurs bases. Beni, Miriki, Eringeti sont autant des localités martyrs. Ce qui a fait dire Tom Perriello, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs que même si «la Monusco ou d’autres encore n’aient pas à répondre de leurs actes, mais en dernière analyse, le principal obstacle aux opérations offensives (…) au cours de la dernière année a été l’absence de volonté d’aller de l’avant de la part du gouvernement (congolais), alors que nous avions une bonne occasion- la meilleure possibilité depuis des années- de combattre le FDLR, tout particulièrement, dans la foulée de la victoire contre le M-23. Au lieu de cela, nous avons vu l’ADF-Nalu gagner en capacité offensive de manière très importante et tout à fait inquiétante».
Déjà, en mars dernier, un rapport jetait le trouble sur ce qu’on a appelé l’identité des auteurs responsables de ces massacres. Intitulé «Qui sont les tueurs de Beni» et rendu public le 21 du même mois, le experts indépendants du Groupe d’études sur le Congo basé à l’Université de new-York notaient qu’entre octobre 2014 et décembre 2015, plus d’un demi-millier de civils avaient été assassinés, essentiellement à l’arme blanche. Ils en interpellaient aux autorités congolaises et à l’ONU à «mener une enquête approfondie pour établir les responsabilités mais aussi une évaluation de la performance de la Monusco qui se révèle tout aussi incapable d’empêcher ces massacres».
Pour le gouvernement congolais, comme pour la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo, les responsables sont les ADF, des rebelles ougandais, qui voudraient se venger de l’offensive menée contre eux par l’armée congolaise. Version mise à mal par ce rapport. Car, parmi toutes les questions qui se posent, la principale demeure «Qui tuent et surtout pourquoi», personne ne semble aujourd’hui encore capable de répondre.

Les ADF-Nalu, parlons-en !

Ces milices armées représentent deux mouvements rebelles ougandais constitués au départ des résidus des régimes Idi Amin Dada et Milton Obote Okello qui se révèlent aujourd’hui hostiles à Yoweri Kaguta Museveni, l’actuel président ougandais. Ayant a réussi à les chasser de son territoire par sa stratégie à construire trois camps militaires le long des 150 Km des frontières communes, en les exilant désormais sur le sol congolais.
Si dans l’une de ses résolutions récentes, le Conseil de Sécurité des Nations Unies déplorait l’absence d’investigation sérieuse sur les auteurs de ces massacres à répétition; il y a lieu de se demander comment alors s’y emploi le gouvernement congolais depuis que les rebelles ougandais ADF-Nalu ont choisi clairement de ne plus attaquer Kampala, mais de massacrer les populations de leur base arrière ?

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Rédaction

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