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La CENI ôte son masque : sans machine à voter… pas d’élections en 2018

Au premier trimestre de 2015 déjà, la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) avait planté le décor du glissement du calendrier électoral en subordonnant la tenue des élections présidentielle, législatives nationales, provinciales et autres urbaines et locales à la satisfaction des contraintes politiques, sécuritaires, techniques, financières et juridiques.

Le même épouvantail était brandi aux tenants du respect du calendrier électoral après la signature de l’Accord du 31 décembre 2016, qui fixait les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales à décembre 2017 au plus tard. C’est le lieu de relever que la ligne de défense de cette institution d’appui à la démocratie n’a pas changé après la publication, le 05 novembre 2017, du calendrier électoral révisé.

En posant comme nouveau préalable à l’organisation couplée des scrutins présidentiel, législatif national et provincial le 23 décembre 2018, le recours à la « machine à voter », son président, Corneille Nangaa, n’a nullement surpris les compatriotes et partenaires étrangers qui doutaient déjà de sa prétendue volonté d’amener les Congolaises et Congolais aux urnes à la fin de cette année.

Selon l’argumentaire développé par le successeur de feu l’abbé Apollinaire Malumalu, l’abandon de la machine à voter aurait pour retombées négatives le retour au délai de 504 jours au lieu de moins de 300 jours pour la finalisation des opérations pré-électorales, la remontée de la facture des élections de 432 à 554 millions de dollars américains, la multiplication par deux du poids des kits électoraux à déployer, soit de 8.000 à 16.000 tonnes, l’accroissement du temps d’un électeur dans un bureau de vote, soit de 5 à 10 minutes maximum à plus de 30 minutes pour un bulletin-papier au format d’un syllabus, etc.

Bref, le staff de la CENI soutient que les responsables du « glissement » du calendrier électoral au-delà de 2018 sont à chercher dans les rangs des Américains et de ceux qui ne veulent pas entendre parler de la machine à voter.

Enrôlement bouclé… pourquoi 504 jours de préparation ?

La question que nombre d’observateurs se posent, à la lumière des explications de Corneille Nangaa et ses collaborateurs, est de savoir pourquoi le retour sur le tapis du timing de 504 jours pour les opérations pré-électorales, d’autant que l’enrôlement des électeurs sur l’ensemble du territoire national a été bouclé par la province du Kasaï ainsi que deux territoires du Haut-Lomani en janvier dernier. Comme dernier virage à prendre pour les élections, il ne reste que l’enrôlement des Congolais de la diaspora.

Faudrait-il absolument 504 jours pour changer d’option et commander des bulletins-papier en lieu et place des machines à voter ? N’est-il pas possible de rendre les bulletins de vote en papier disponibles dans la tranche de 300 jours présumés inflexibles ? D’aucuns pensent que si la CENI ne perd pas son temps dans le verbiage et fait diligence dans les commandes des bulletins-papier et des urnes, il serait matériellement possible de respecter le délai-butoir du 23 décembre 2018.

Quant au coût des élections, rien ne prouve que le gap entre les bulletins-papier et les machines à voter serait de l’ordre de plus de 90 millions de dollars américains. Même alors, des aménagements peuvent être opérés dans le budget national de 2018, en supprimant ou rognant certaines rubriques budgétivores réservées aux institutions publiques (voyages et missions à l’étranger, achats des voitures de luxe, vacances à l’étranger). Et pourquoi ne pas solliciter l’appui des partenaires, qui ne demandent qu’à être rassurés de la tenue effective des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales à l’échéance annoncée par la CENI ?

Habituée à la politique de la main tendue pour des appuis extérieurs à son budget national, la RDC se montre curieusement fort jalouse de son indépendance et de sa souveraineté lorsqu’il est question du financement des élections. Quel paradoxe ! En un mot comme en cent, la thèse du « glissement » liée au rejet de la machine à voter ne passe pas dans une large portion de l’opinion tant nationale qu’internationale.

Elle pousse même d’aucuns à croire que l’agenda caché de la CENI est de déblayer le terrain pour un « Plan B » qui pourrait se traduire soit par la tenue d’un referendum constitutionnel visant à déverrouiller les dispositions relatives à la limitation des mandats présidentiels à deux, soit à introduire le mode d’élections du Président de la République au second degré. Plus le pays va s’acheminer vers le délai-butoir du 23 décembre 2018, et davantage vont se préciser les stratégies d’un nième glissement du calendrier électoral.

Kimp

Article à lire sur : La CENI ôte son masque : sans machine à voter… pas d’élections en 2018 http://www.lephareonline.net/ceni-ote-masque-machine-a-voter-delections-2018/

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