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Kinshasa : Les Évêques de la CENCO en Assemblée plénière extraordinaire

Les Evêques de la CENCO sont réunis en Assemblée plénière extraordinaire du 15 au 17 février courant au Centre d’Accueil Caritas- Congo. Cette session extraordinaire intervient à peine 3 mois après une autre assemblée extraordinaire tenue du 22 au 24 novembre 2017.

Dans son discours d’ouverture, le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi Tapa a insisté sur « la nécessité d’une évaluation urgente des événements qui se sont succédés depuis le 31 décembre 2017 en vue de dégager des orientations communes dans la gestion de la situation socio-pastorale de la RD Congo pour les jours à venir ».

Revenant sur l’Accord du 31 décembre 2016, Mgr Utembi explique qu’il « énonce les principes généraux concernant la tenue des élections, le transfert pacifique du pouvoir et la consolidation de la stabilité en RDC ».

Pour le président de la CENCO, « Certains fidèles laïcs, regroupés au sein du Comité Laïc de coordination se sont approprié nos messages et ont organisé successivement 2 marches pour réclamer la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Malheureusement ces 2 marches ont été violemment réprimées dans le sang. Il y a nécessité d’une évaluation urgente des événements qui se sont succédé depuis le 31 décembre 2017 en vue de dégager des orientations communes dans la gestion de la situation socio-pastorale de notre pays pour les jours qui vont suivre ».

Mgr Utembi a rappelé à ses confrères qu’ils ont ainsi « à réfléchir sur les mots justes, sur le message de réconfort et d’espérance à communiquer à notre peuple qui crie sa souffrance ». Car dit-il, « Au-delà de l’organisation des élections pour l’avènement d’un Etat de droit dans notre pays, fidèles à notre mission prophétique, nous ne cesserons de demander avec insistance que les libertés et droits fondamentaux de chaque être humain soit respectés ».

Dans son homélie à la messe d’ouverture de l’Assemblée plénière, Mgr Utembi n’a pas manqué de souligner que cette rencontre se déroule dans « un contexte de crise sociopolitique marqué par des violences et tant de misères » et que « Face à l’incertitude qui plane sur notre pays, nous sommes portés à nous poser constamment la question de savoir : que devons-nous faire pour que le peuple ait la vie et qu’il l’ait en abondance ? ».

Cette Assemblée plénière extraordinaire des Évêques précède de quelques jours la troisième marche pacifique sur appel du Comité Laïc de Coordination (CLC) prévue le dimanche 25 février 2018. Comme les deux premières marches des 31 décembres 2017 et 21 janvier 2018 qui ont faits des morts parmi les manifestants pacifiques, une seule réclamation : l’application stricte de l’Accord de la Saint-Sylvestre.

Luaba Wa Ba Mabungi /AFRIWAVE.COM

[DOCUMENTS]

Discours d’ouverture de l’Assemblée Plénière Extraordinaire, du 15 au 17 février 2018

Eminence,

Excellences Messeigneurs les Archevêques et Evêques,

Messieurs les Abbés Secrétaire Général et Secrétaires Généraux Adjoints,

Messieurs les Abbés, Révérends Pères, Révérendes Sœurs,

Messieurs,

  1. Je vous souhaite la bienvenue à cette Assemblée Plénière Extraordinaire et vous remercie de votre disponibilité pour ainsi répondre à notre invitation. Je voudrais saisir cette occasion pour réitérer à chacun de vous, mes vœux les meilleurs d’une heureuse année 2018. Que le Seigneur daigne accomplir ses promesses de bénédiction et de bonheur pour chacun de nous et pour notre pays.
  2. Aussi, voudrais-je féliciter vivement notre Frère, SE Mgr Fridolin Ambongo. Il a plu au Pape François, dans sa bienveillance, de le nommer Archevêque Coadjuteur de Kinshasa, en le transférant du Siège de Mbandaka-Bikoro. Soyez rassuré, cher Excellence, de notre proximité affective et effective, ainsi que du soutien par nos prières pour un ministère fructueux dans l’Eglise de Kinshasa.
  3. Je salue de façon particulière la présence parmi nous du Révérend Père Puluzu-Zi-Ngungu Charles-Alain et de la Révérende Sœur Nsiami Catherine, élus respectivement Président de l’Asuma et Présidente de Usuma. Au nom de tous les évêques membres de la CENCO, je souhaite à chacun de vous un mandat fructueux.
  4. Il sied de souligner que la présente session est extraordinaire et qu’elle intervient à peine 3 mois après une autre assemblée extraordinaire, celle du 22 au 24 novembre 2017.
  5. Certains fidèles laïcs, regroupés au sein du Comité Laïc de coordination se sont approprié nos messages et ont organisé successivement 2 marches pour réclamer la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre.
  6. Malheureusement ces 2 marches ont été violemment réprimées dans le sang. Il y a nécessité d’une évaluation urgente des événements qui se sont succédé depuis le 31 décembre 2017 en vue de dégager des orientations communes dans la gestion de la situation socio-pastorale de notre pays pour les jours qui vont suivre.
  7. L’Accord du 31 décembre 2016 énonce les principes généraux concernant la tenue des élections, le transfert pacifique du pouvoir et la consolidation de la stabilité en RDC.
  8. Nous avons ainsi à réfléchir sur les mots justes, sur le message de réconfort et d’espérance à communiquer à notre peuple qui crie sa souffrance.
  9. Au-delà de l’organisation des élections pour l’avènement d’un Etat de droit dans notre pays, fidèles à notre mission prophétique, nous ne cesserons de demander avec insistance que les libertés et droits fondamentaux de chaque être humain soit respectés.
  10. Avant de clore ce mot, je tiens à présenter nos sincères condoléances aux Evêques ayant perdu leurs proches parents, il s’agit notamment de LL EE Nosseigneurs Jean-Christophe AMADE qui a perdu sa mère ; Marcel MADILA qui a perdu son père et Jean-Bertin NADONYE qui a également perdu son père et Ernest NGBOKO pour le diocèse de Lisala qui a perdu Monseigneur Jérôme MAKILA MAKELI, Prélat d’honneur de Sa Sainteté le Pape.
  11. Chers frères, nous assurons de nos prières pour le repos des âmes de nos chers défunts et pour que le Seigneur vous aide à vivre cette épreuve de perte des êtres chers dans la foi et l’espérance en la vie éternelle.

Eminence,

Excellences,

Chers Secrétaires,

Révérends Pères, Révérendes Sœurs.

  1. Nous avons autant de défis qu’il nous incombe de relever en tant que successeurs des apôtres. Je vous remercie déjà pour la contribution que chacun de nous pourra apporter à ces assises. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de fructueux travaux et à confier ces assises à l’intercession de la Vierge Marie, Notre Dame de l’Espérance, qu’elle intercède pour nous.
  2. Sur ce, je déclare ouverts les travaux de la présente session extraordinaire de l’Assemblée Plénière. Je vous remercie de votre aimable attention.

Fait à Kinshasa, le 15 février 2018

Marcel UTEMBI TAPA

Archevêque de Kisangani

Président de la CENCO

Homélie de Mgr Marcel Utembi pour la messe d’ouverture de l’Assemblée plénière extraordinaire du 15 au 17 février 2018

Éminence,                                                                                                                                                      Excellences,                                                                                                                                                  Chers frères et sœurs,

  1. Au lendemain de notre entrée dans le Carême, ce temps de conversion qui nous prépare à vivre la joie de Pâques, nous sommes appelés à opérer un choix décisif. Il s’agit d’une proposition de vie et du choix de s’orienter vers elle. En effet, nous nous trouvons en face d’un don, qu’on peut accepter ou refuser. Quelqu’un peut préférer sa vanité, son orgueil, sa situation d’infirmité, à la vertu, à l’excellence.
  2. La première lecture nous montre que c’est pratiquement devant la proposition et le choix de s’orienter vers la vie que se trouvait le peuple d’Israël et Moïse lui dit : « choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve la vie » (Dt 30, 19-20).
  3. Dans le passage de l’Evangile, le Seigneur nous propose le chemin de cette vie : Renoncer à soi-même, prendre sa croix chaque jour, suivre notre Seigneur ; voilà un beau résumé du sens à donner à notre carême.

– Renoncer à nous-mêmes, n’est-ce pas la perspective de la mort à nous-mêmes, mort au repli sur soi, mort à nos égoïsmes, mort à la peur qui nous habite face aux tribulations du monde et aux incertitudes du lendemain. – Prendre sa croix, c’est nous rapprocher davantage de Dieu et de notre peuple, de ce « peuple congolais qui crie sa souffrance » et faire nôtres ses peines et ses misères, ses espoirs et ses joies. –Suivre Jésus est une invitation à reconnaître que nous ne pouvons-nous suffire à nous-mêmes, et que nous avons besoin de lui pour vivre et que sans Lui, nous ne pouvons rien. Marcher à la suite de Jésus, c’est aussi recevoir de Lui la délivrance de nos détresses.

  1. Ceci nous fait comprendre que le Carême est non seulement un temps de sacrifices et de mortification, mais aussi un moment de vitalité. C’est la vie en plénitude qui est en perspective : « en aimant le Seigneur ton Dieu, nous dit le livre de Deutéronome, en écoutant sa voix, en t’attachant à lui, tu vivras ». Considérant le contexte qui est le nôtre, le carême n’est pas un temps de l’immobilisme, mais plutôt un temps de dynamisme dans l’engagement pour conduire notre peuple à la prospérité.
  2. Dans le contexte de crise multiforme que traverse notre pays et qui provoque les violences, la mort et tant d’autres détresses, notre chemin ne diffère pas de celui de Jésus que nous voulons suivre : un chemin parsemé des croix, des incompréhensions et des humiliations ; mais un chemin qu’il nous invite à parcourir en restant attachés à lui et en ayant aussi le regard fixé vers le Père.

Éminence,                                                                                                                                                    Excellences,

Chers frères et sœurs,

  1. Nous débutons aujourd’hui notre Assemblée Plénière extraordinaire dans un contexte de crise sociopolitique marqué par des violences et tant de misères. Le tableau que présente notre pays reflète la situation que dépeint le cantique de Jérémie : « Si je sors dans la campagne, voici des hommes percés par l’épée, si je rentre dans la ville, Voici des hommes tourmentés par la faim. Même le prophète et le prêtre parcourent le pays sans rien comprendre » (Jérémie 14, 18).
  2. Face à l’incertitude qui plane sur notre pays, nous sommes portés à nous poser constamment la question de savoir : que devons-nous faire pour que le peuple ait la vie et qu’il l’ait en abondance ?
  3. La parole de Dieu que venons d’entendre, nous fortifie et nous aide à ne pas être scandalisé par la croix sous toutes ses formes, à ne pas abandonner notre mission prophétique au milieu du peuple qui nous est confié.
  4. Ce qui nous donne la force de clamer avec Saint Paul ; « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8, 39).
  5. Que par l’intercession maternelle de la Sainte Vierge Marie, Jésus Christ nous assiste par l’Esprit Saint durant tous nos travaux et nous donne la pleine assurance pour continuer notre mission de ministres de la réconciliation, de la justice et de la paix.

AMEN !

Kinshasa, le 15 février 2018

+ Marcel UTEMBI TAPA

Archevêque de Kisangani

Président de la CENCO

 

 

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