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Radek Suprême, un rap comme acte de résistance

Depuis des temps immémoriaux, la musique a toujours été dès par le monde une source d’inspiration pour des artistes à dépeindre la société dans laquelle l’on vit. De l’esclavage à l’excès de liberté dans notre société moderne, les musiciens sont toujours là pour nous rappeler notre condition humaine. Si les uns chantent l’amour, les autres dénoncent les maux qui rongent notre société. C’est le cas de Junior Nlabu Mapeki de son vrai nom, mais plus connu sous son sobriquet de scène Radek Suprême, le rappeur combattant qui se dit être venu pour  l’éveil et la prise de conscience du peuple congolais, le changement de mentalité et la prise en charge de la jeunesse, bref pour un «Réveil citoyen» sur la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des Droits de l’homme.

Musicien atypique pour ses détracteurs comme ses fans, Radek Suprême impose pourtant une réalité : son rap est une musique de résistance qui dénonce les maux la politique et les politiques (hommes et femmes du pouvoir sans distinction ni frontières). C’est du reste la trame centrale dans toute son œuvre musicale jusqu’à ce jour : dénoncer l’homme et le drame de la société congolaise. Voulant percer le mystère de ce jeune musicien engagé qui n’a ni froid aux yeux et qui ne craint rien lorsqu’il dénonce le pouvoir politique en place tout comme son opposition, www.afriwave.com l’a rencontré pour ses lecteurs.

Afriwave.com : De la liste des prisonniers politiques à libérer ou libérables pour la décrispation de la situation politique dans le pays.

Radek Suprême : C’est un sentiment de déception et de tristesse pour moi. Nous avons raté une occasion de faire avancer les choses. Ce qui prouve que nous n’avons pas des vrais hommes d’Etat dans ce pays pour arriver à décrisper la situation politique. Ce qui est vrai, Radek Suprême a été libéré il y a 9 mois dans la journée du 14 décembre 2015 après 210 jours passés dans le cachot de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements) après mon arrestation le 19 mai 2015 pour mes textes et mes revendications. Le 18 décembre 2015, je déposais une plainte auprès du PGR (Procureur Général de la République) contre Mr Kalev Mutond (Chef des Services de Renseignements de la RD Congo) et compagnies pour enlèvement, tortures, traitement inhumain et séquestration. Le 12 février 2016, j’ai confirmé ma plainte auprès du Bureau du Casier Judiciaire et cela fait des mois que j’attends pour un début de procès ou une simple interpellation de ces gens-là.

Rien ne bouge, rien ne se fait et bizarrement, mon nom et ceux d’autres amis et compagnons de cellule (Giresse Bakumisa, Bukuru Nyamulinda, Léon Nguwa, Paulin Lodi, Jerry Olengha) circulent sur un bout de papier et sur internet comme quoi c’est une liste des prisonniers politiques libérés pour décrisper la situation politique dans le pays alors que nous sommes dehors depuis plusieurs mois.  Je trouve cela absurde et ridicule, ce qui prouve à suffisance que le ministre de la Justice et le président de la République n’ont pas la vraie situation des détenus politiques qui croupissent dans les cachots. C’est aussi un manque de coordination entre les services. Sur cette liste, il n y a que 4 personnes qui sont encore en prison, pourquoi y ajouter des noms qui ne sont pas concernés.

Nous nous attendons à la libération des gens comme Jean-Claude Muyambo, Eugène Diomi Ndongala et pour aller plus loin Eddy Kapend (Ancien Officier d’ordonnance de Mzée Laurent-Désiré Kabila condamné à mort depuis l’assassinat de l’ancien président de la République le 16 janvier 2001) dont le procès n’a jamais abouti. Là ça sera une bonne occasion de décrisper la situation politique dans le pays. Allez-y comprendre qu’on a libéré des fantômes, et des fantômes ça n’existent pas. Si le président de la République veut une vraie décrispation de la situation politique, il faut libérer des vrais prisonniers qui existent physiquement et réellement et pas cette liste qui circule qui n’est pour moi qu’un bout de chiffon sans aucune valeur.

Afriwave.com : Du sens même de votre combat au travers de la musique…

Radek Suprême : Mon combat est contre le système et non un ou des individus. Ces gens-là (les gouvernants et ceux qui les supportent) n’ont pas encore compris le sens de mon combat et ils n’ont pas le vrai amour de ce pays. Ils n’ont pas ce patriotisme-là qui nous incarne nous congolais. Dans tout combat, il y a toujours des oiseaux de mauvais augure qui seront là pour vous descendre ou vous tirer vers le bas. Ce qui ne m’empêchera pas de dormir ni de continuer mon combat. Le jour où ils comprendront la valeur de la vie de leurs frères et sœurs congolais; c’est ce jour-là qu’ils comprendront le sens de mon combat. Ils peuvent spéculer autant qu’ils le voudront car mon combat c’est contre les antivaleurs, mon combat c’est pour la démocratie, mon combat c’est pour le respect de nos droits et libertés, mon combat c’est pour la bonne gouvernance, mon combat c’est pour la RDC. Faire de ce pays une République démocratique pas que de nom; libre à eux de critiquer puisque la critique aussi nous fait évoluer.

 

Comme le disait Lucky Dube, un rasta man et un grand résistant contre l’apartheid en Afrique du Sud mort tragiquement; l’éducation et la culture aident à une ouverture d’esprit car comprendre c’est aussi résister. C’est ce crédo que se fait Junior Nlabu Mapeki dit  Radek Suprême. Son nouvel album qui fait référence à son incarcération et intitulé «Billet d’Ecrou» sort en octobre 2016 prochain en Europe d’abord avant d’être distribué à travers la RDC et le reste de l’Afrique.

Propos recueillis par Roger DIKU

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