Quatre jours après la signature de l’accord politique aujourd’hui fragilisé entre opposants congolais à Genève pour une candidature commune à la présidentielle du 23 décembre 2018, le retrait des signatures de Félix Tshisekedi puis de Vital Kamerhe a fini par révéler le manque de consensus malgré le semblant d’entente et d’unité entre les sept signataires.
Des politiciens pas sincères entre eux, qui ne s’estiment pas et qui sont toujours prêts à se tirer une balle dans le dos pour des intérêts si égoïstes et tribaux qu’on se le dise. A la polémique suscitée s’est ajouté un torrent des propos discourtois frisant de fois l’injure qui s’abat depuis lundi 12 novembre 2018 sur Félix Tshisekedi, son parti l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) ainsi que Vital Kamerhe.
A cette vraie campagne de haine et de méchanceté gratuites orchestrée sur des réseaux sociaux, s’ajoute parfois le relais d’une certaine presse internationale à l’instar de La libre Belgique par son pendant La Libre Afrique dont on se demanderait bien son intérêt dans un débat de politique inter-congolais.
Le comble dans cette tragi-comédie ce que certains proches de Moïse Katumbi, hier encore « ami et frère » de Félix Tshisekedi comme Olivier Kamitatu et Christian Mwando, des habitués aux twittes moralisateurs sans avoir une morale personnelle n’ont pu maîtriser leur « verbe »; se croyant peut-être plus intelligents que tous les autres en alimentant la même haine au travers des messages carrément insultants.
Renier sa SIGNATURE et ses PROPOS en moins de 24 heures CONFIRMENT la MÉDIOCRITÉ de notre classe politique! Pour MOI. Le choix Démocratique de Martin FAYULU demeurera jusqu’au bout! pic.twitter.com/IizAgDZj6c
— Mwando Christian (@mwandochris) 12 novembre 2018
Bien triste comédie ! L’histoire jugera. Mais en attendant, l’un et l’autre ne doivent jamais oublier que « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn ! »… pic.twitter.com/Go6nTuNWZc
— Olivier Kamitatu Etsu (@OlivierKamitatu) 13 novembre 2018
Dites la vérité à l’opinion
En attendant son retour à Kinshasa prévu pour le samedi 17 novembre 2018 au matin, Félix Tshisekedi est également sorti de son silence via son compte Twitter pour demander à « son frère chrétien » de l’Eglise Philadelphie Martin Fayulu de « dire la vérité à l’opinion » de ce qui se serait dit entre-eux le dimanche matin avant le « fameux » vote et dont personne ne fait allusion.
Un spécialiste en communication et fin connaisseur de la vie politique congolaise analysait pour nous et à sa manière le 30 octobre 2018 dernier ce qui arrive à Félix Tshisekedi au regard de la nouvelle donne bien même avant le choix de Fayulu : « Il faut se faire une raison. Ce qui a été refusé au père, le sera au fils. Populaire ou pas. Le nom de Tshisekedi dérange. Il renvoie au refus de s’incliner devant l’étranger. Il renvoie à l’attitude qui a coûté la vie à Lumumba. Il incarne cet esprit d’auto prise en charge que rejette le Capital. Nous avons l’exemple des pays orientaux sous les yeux. Pourquoi sont-ils persécutés ? A cause de leurs leaders qui ne courbent pas l’échine d’une part et à cause de leur positionnement stratégique dans les routes de soie chinoise ».
Et de poursuivre « L’auto prise en charge signifie à terme un décollage de la RDC et une participation des partenaires extérieurs aux conditions de Kinshasa. C’est ce que le Capital refuse en utilisant des proxies pour déstabiliser le pays. Pourquoi l’Angola devrait-elle expulser les étrangers pratiquement 1 mois avant les élections en RDC à partir du 1er novembre ? ».
C’est sa conclusion qui est intéressante : « Les proxies internes ont déjà semble-t-il choisi Fayulu comme candidat commun. Vrai ou faux ? Tout est fait pour fragiliser Tshisekedi et semer le doute. Il suffit de se souvenir les déclarations de l’ancien inconditionnel tshisekediste Safu pour s’en rendre compte. La lutte est longue, dure et serrée. C’est un travail de sape de longue haleine qui complète les guerres du Kivu et du Kasaï. Nous avons sous les yeux un exemple concret de ce qu’on appelle une guerre hybride ».
Cher frère Martin, au Nom du DIEU que ns prions toi et moi au Centre Missionnaire Philadelphie, je te demande de dire à l’opinion les termes de l’engagement que tu as pris devant moi, les yeux dans les yeux, 1h avant la réunion. Ainsi ns pourrons parler d’intérêt de la nation. https://t.co/8CRjhQZUFv
— Félix A. Tshisekedi (@fatshi13) 14 novembre 2018
Martin Fayulu qui croit dure comme fer son heure de gloire arrivée et qui savoure son triomphe en ajoute dans la duplicité en invitant Tshisekedi et Kamerhe « à dépasser les considérations partisanes et à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. Gardons à l’esprit nos objectifs communs consignés dans notre accord pour remettre la RDC en marche. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ».
En avait-il lui-même tenu compte de cela, la question reste posée ; à moins que ne soit trahi le secret de Dieu par toutes les révélations qui fuitent déjà.
J’invite mes frères @fatshi et @vitalkamerhe à dépasser les considérations partisanes et à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. Gardons à l’esprit nos objectifs communs consignés dans notre accord pour remettre la RDC en marche. Il n’est jamais trop tard pour bien faire
— Martin Fayulu (@MartinFayulu) 13 novembre 2018
Lire aussi : RDC : Comment Fayulu a été désigné candidat commun de l’opposition pour la présidentielle 2018 http://www.afriwave.com/2018/11/13/rdc-comment-fayulu-a-ete-designe-candidat-commun-de-lopposition-pour-la-presidentielle-2018/
Certes l’opposition politique parait fragilisée par le comportement de ses soi-disant leaders, rendez-vous est pris pour le jour d’après les élections si elles ont lieu. Ainsi l’on pourra mesurer la force de chaque parti politique en présence par le nombre d’élus qu’il aura obtenu dans les assemblées législative et provinciale.
En attendant, c’est un boulevard triomphal qui est ouvert au camp du régime pour des années encore ; à moins que le peuple ne se prenne en charge et en décide autrement.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi